Depuis 30 ans, le sanctuaire « Bonrook » à Pine Creek en Australie est un paradis pour les chevaux. La représentante de la Fondation Franz Weber en Australie, Viktoria Kirchhoff, a visité le légendaire « Franz Weber Territory » et décrit ici ses impressions.
Après deux heures et demie de route de Darwin vers le sud sur la Stuart Highway, je tourne à gauche peu après la petite bourgade de Pine Creek. Je suis accueillie par quatre magnifiques chevaux, dont deux sont en train de goûter la fraîcheur du ruisseau. Ils se montrent très confiants et se dirigent aussitôt vers ma voiture pour me saluer. Leur pelage est luisant et ils sont bien nourris. Comme ils sont très dociles, je comprends vite qu’il ne s’agit pas de brumbies, mais certainement des chevaux de selle à la retraite au Franz Weber Territory.
Je viens directement de Sydney, qui est à quatre heures et demie de vol de Darwin. Durant des mois, nous avons sans cesse dû vivre avec une épaisse fumée provenant des incendies voisins, qui ont brutalement balayé les États du Queensland, de la Nouvelle-Galles du Sud et de Victoria. Il est merveilleux de constater qu’ici, au nord du pays, la saison des pluies est reine et que tout est verdoyant.
Alors que je traverse la passerelle du ruisseau de Bonrook, Sam, le directeur de Bonrook Station, et ses trois chiens Momo, Hendo et Luna, viennent à ma rencontre et m’offrent immédiatement l’hospitalité dans leur maison. Le lendemain matin, en route à 7h30, Sam et moi partons avec les deux quads dans le bush. Nous conduisons à travers de hautes herbes luxuriantes, des broussailles, des arbres, des chemins cahoteux, des pierres et des ruisseaux. Sam me raconte qu’habituellement, pendant la saison des pluies, on ne peut apercevoir ni des brumbies ni d’autres animaux, car les herbes sont extrêmement hautes, le bush est très dense et le territoire de Bonrook, lequel s’étend sur 500 km2 (18 km fois 28 km), présente partout des points d’eau et des «billabongs» remplis, de sorte que les chevaux sauvages peuvent se disséminer. Pourtant, nous avons de la chance: après seulement 40 minutes, nous voyons à 150 mètres sur notre gauche un troupeau d’une quinzaine de brumbies, qui galopent parallèlement à nous! «C’est un troupeau d’une taille exceptionnelle, normalement les hardes ne comptent que 7 à 8 chevaux. Cela indique la présence d’un étalon alpha, capable de maintenir la cohésion d’un si grand groupe», commente Sam.
Soignés et bichonnés
Je suis surprise qu’un homme seul puisse s’occuper d’un territoire aussi vaste. Sam rit, et me dit qu’il ne s’ennuie jamais: «j’aime mon travail. Il n’y a aucune routine, chaque jour est différent». Le travail de Sam est effectivement très varié, et nécessite de nombreuses qualifications différentes. Il contrôle et répare les clôtures, observe les brumbies, contrôles les bassins d’eau pour les chevaux, place des briques de sel pour les brumbies près de différents points d’eau, répare et entretient tous les véhicules et machines, tond la pelouse, coupe les arbres autour de la propriété, travaille sur les anciens bâtiments de l’hôtel et gère les risques d’incendie.
Jusqu’en 2008, l’hôtel de Bonrook était encore ouvert. Mais le tourisme avait drastiquement diminué dans le Territoire du Nord, et les primes d’assurance liés à l’exploitation de l’hôtel avait flambés si bien que la FFW s’est vu obligée de fermer l’hôtel en 2008 afin de se concentrer exclusivement sur les soins et l’entretiendes brumbies et des chevaux de selle à la retraite, et sur la gestion de cette aire protégée.
Une faune et une flore splendides
De l’herbe d’un vert éclatant partout où mon regard se porte. Sam explique: «Tous les terrains du Territoire du Nord sont contrôlés par les autorités tous les trois ans». L’état et la qualité des prairies, des graminées et du sol sont alors examinés. Le dernier contrôle effectué à Bonrook date du mois d’août de l’année dernière: des surfaces d’un rayon de 50 mètres ont été testées à 16 endroits différents. Le résultat est «bon» – un excellent bilan pour une zone peuplée d’animaux sauvages.
Bien que Sam m’explique qu’«au milieu de l’année, pendant la saison sèche, nous avons ici une plus grande variété d’oiseaux», je vois et entends d’innombrables oiseaux, tels que cacatoès, galahs, coucous à éperon de faisan (coucous faisans), pluviers, ibis d’Australie (ibis blancs) et grues brolgas (brolgas). Alors que, le deuxième jour, nous explorons la partie sud-ouest du Franz Weber Territory, je découvre au bord du chemin quelque chose qui me paraît très insolite: le merveilleux nid, construit avec amour et habileté, d’un jardinier à nuque rose (Great Bowerbird) à partir de branches minutieusement sélectionnées. Les entrées du nid soigneusement décorées avec un tapis de réception blanc composé de centaines de coquilles d’escargots et de morceaux de verre colorés, voilà comment le mâle essaie d’attirer une compagne. Grâce à cette construction exceptionnellement astucieuse, le jardinier à nuque rose est considéré comme l’un des oiseaux les plus intelligents.
Toujours une longueur d’avance sur le feu
Les incendies dévastateurs du sud-est de l’Australie n’affectent pas directement Sam et Bonrook. Cependant, Sam se penche sérieusement sur la question, en discute lors de réunions avec des voisins, des groupes indigènes et les sapeurs-pompiers locaux.
Après quatre jours, ma visite à Bonrook est arrivée à son terme. Je suis heureuse de voir à quel point les animaux et la nature y sont bien, et, après plusieurs jours de voyage vers le Sud, rentre à Sydney, où, enfin, la fumée s’est dissipée.
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