14.06.2025
Fondation Franz Weber

Le zoo de Bâle euthanasie l’éléphante Heri: Pas d’éléphants en captivité. Pas de reproduction artificielle. Pas au zoo de Bâle. Pas ailleurs.

Berne, le 13 juin 2025 – le 11 juin 2025, le Zoo de Bâle a annoncé la mort de l’éléphante Heri (estimée à 49 ans), présentée comme une «euthanasie nécessaire» après une détérioration progressive de son état de santé. Mais derrière le ton aseptisé de ce communiqué se cache une sombre vérité, que la Fondation Franz Weber (FFW) dénonce avec force : Heri est morte après avoir porté, pendant un an et demi, un fœtus mort dans son utérus.

Le Zoo de Bâle a euthanasié l’éléphante Heri, le 11 juin 2025, après que son état de santé s’est progressivement détérioré et ce sans mentionner le fait que Heri a porté son bébé mort dans son ventre pendant un an et demi. Le zoo parle pudiquement d’une «naissance non menée à terme». Or, la vérité est que le fœtus était déjà mort mi-décembre 2023. Heri n’a jamais accouché. Elle a été contrainte de vivre avec les restes de son petit dans le ventre, jour après jour, mois après mois, jusqu’à ce que son organisme lâche. Cela ne s’appelle pas une « gestation non aboutie », cela s’appelle un abandon vétérinaire grave, aux conséquences mortelles.

Depuis 2023, la Fondation Franz Weber alertait le zoo à ce sujet, tout en proposant l’assistance d’experts en biologie d’éléphants et bien-être animal. Nos appels ont été ignorés, nos lettres qualifiées d’ « irritantes et hypocrites ». Peu après, le fœtus était déclaré mort, et l’état de santé d’Heri était critique. Depuis lors, aucune transparence n’a été faite sur le suivi médical.

Des responsabilités diluées, des justifications inquiétantes

Aujourd’hui, le zoo minimise les faits, prétendant que l’euthanasie serait due à l’âge avancé d’Heri. Mais aucun rapport vétérinaire n’a été publié. Selon Tomas Sciolla, expert de la FFW en conservation de biodiversité et en transformation de zoos, « la présence prolongée d’un fœtus pétrifié peut provoquer infections, lésions internes ou maladies systémiques. Il est hautement probable qu’il s’agisse de la cause principale de sa dégradation. »

Dans sa communication, le Zoo de Bâle tente de se dédouaner de sa responsabilité, affirmant ne pas avoir «la seule décision» sur la détention d’éléphants, en invoquant la coordination de l’Association européenne des zoos et aquariums (EAZA) et son programme EEP (EAZA Ex situ Programme). Il affirme même que les « experts » qui ont visité les installations récemment se sont « montrés impressionnés ».

Impressionnés ? Par quoi ? Par une éléphante âgée et malade, portant un fœtus momifié depuis 18 mois ? Par l’introduction d’un mâle infecté par la tuberculose (Tusker), placé malgré tout au contact des femelles ? Par les tensions manifestes observées aujourd’hui entre Rosy et Maya, les deux éléphantes restantes, qui subissent les effets de structures sociales totalement artificielles et contraires à la nature profondément matriarcale et complexe des éléphants ?

Ce genre de réponse, loin de rassurer, accuse un système défaillant, où les apparences comptent plus que le bien-être réel des animaux.

Une gestion archaïque, une souffrance évitable

Heri n’avait aucun antécédent de maternité réussie, avait déjà vécu une mort-née, et son âge avancé rendait toute tentative de reproduction particulièrement risquée. « Les lignes directrices de l’EAZA déconseillent d’ailleurs de faire reproduire les femelles âgées sans antécédents positifs, explique le Dr. Keith Lindsay, expert en biologie d’éléphants. « Et pourtant, le zoo a introduit un mâle, Tusker, dans le groupe d’Heri, sans mesure de prévention. C’est tout simplement irresponsable », selon le Dr. Lindsay.

Le zoo essaie de justifier l’insoutenable en se réfugiant derrière des comités, des programmes, des chiffres. Mais les faits sont là : en plus de 70 ans, seulement quatre éléphants sont nés vivants au zoo de Bâle. Aucun n’a atteint la vieillesse. Le dernier petit viable, né dans les années 1990, est mort jeune.

Plus jamais ça

Vera Weber, présidente de la FFW, est choquée par la gestion du zoo de Bâle: « Heri est morte après des mois de souffrance silencieuse. Nous refusons que son histoire soit étouffée sous des termes techniques et des justifications bureaucratiques. Heri était un individu sensible, intelligent, social. Elle méritait mieux. Son histoire doit être la dernière du genre. Pas d’éléphants en captivité. Pas de reproduction artificielle. Pas au zoo de Bâle. Pas ailleurs. »

La Fondation Franz Weber demande au zoo de publier le rapport de nécropsie de Heri et surtout de mettre fin à son programme de reproduction des éléphants. Une solution humaine et rapide doit être trouvée pour Rosy et Maya. Un transfert dans un sanctuaire pour éléphants serait l’idéal.

Enfin, cette gestion défaillante soulève une autre question : que dire des autres espèces détenues ? Le zoo prévoit d’importer des lamantins – mammifères marins qui ont un ancêtre commun avec les éléphants. L’histoire d’Heri doit servir d’alerte : avant d’enfermer d’autres animaux, encore faut-il savoir protéger et gérer ceux qu’on détient déjà. La FFW demande au zoo de renoncer à cette idée folle.

Faits sur Heri et les éléphants

  • Heri était une éléphante de savane d’Afrique, née dans les années 1970 au Parc national Kruger, en Afrique du Sud, en liberté. Elle a été capturée à l’état sauvage pour être emmenée dans des zoos européens. Elle vit au zoo de Bâle depuis 1988.
  • Heri avait déjà porté un éléphanteau il y a environ 20 ans, mais le petit est mort-né.
  • Début 2023, le zoo de Bâle annonçait, non sans dissimuler sa joie, que l’éléphante Heri attendait un petit pour la fin de cette même année. Depuis lors, la FFW n’a eu de cesse de mettre en garde le zoo sur les risques de cette grossesse pour Heri et l’éléphanteau.
  • En août 2023, Tusker, le mâle que le zoo a laissé s’accoupler avec Heri, a été euthanasié parce qu’il était atteint de tuberculose (une maladie mortelle pour les éléphants, qu’ils attrapent en captivité par contact avec des humains ou d’autres animaux infectés). Tusker souffrait probablement de la maladie depuis de nombreux mois ; d’ailleurs, son transfert à Bâle avait été retardé précisément parce qu’il avait précédemment été en contact avec des éléphants infectés.
  • En novembre 2023, la FFW, constatant que l’état de Heri semblait se détériorer, a offert au zoo de Bâle l’assistance de ses experts en biologie des éléphants et en bien-être animal – en vain. Par courrier du 23 novembre 2023, le zoo lui a simplement indiqué que sa proposition était «irritante et hypocrite».
  • Quelques semaines plus tard, le zoo annonçait la mort du bébé, encore dans le ventre de Heri, et l’état critique de cette dernière…
  • Les éléphants vivent 40-50 ans en captivité, mais peuvent vivre jusqu’à 60-70 à l’état sauvage.
  • Les éléphants sont des animaux hautement sociaux et intelligents. Ils vivent en troupeau répondant à un système matriarcal, mais entretiennent des contacts réguliers avec les mâles. Ils parcourent en moyenne 10 km par jour à la recherche de nourriture, d’eau et d’abri.
  • Le Groupe de spécialistes de l’éléphant d’Afrique de l’UICN, qui regroupe près de 95 experts, s’oppose à la capture d’éléphants d’Afrique pour les placer en captivité – et ne voit dans la captivité d’éléphants aucun bénéfice pour la conservation de l’espèce in situ, soit pour la conservation de l’éléphant dans son habitat naturel.
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