03.10.2019
Sam Forwood

Au paradis des brumbies

Il ya 30 ans, la Fondation Franz Weber a acheté la vieille ferme bovine nommée «Bonrook», à Pine Creek, tout au nord de l’Australie, et l’a convertie en réserve pour chevaux sauvages. Sam Forwood est le directeur du Franz Weber Territory depuis bientôt un quart de siècle – il fait ici rapport de la saison sèche et de la saison des pluies dans ce paradis pour chevaux et autres espèces de plus de 500 kilomètres carrés.

La saison des pluies dans les prairies de Bonrook, a été moyennement bonne. Après un départ en fanfare, elle s’est finalement achevée de manière plutôt décevante. En effet, si les premiers orages d’octobre 2018 étaient très prometteurs, ils ont tourné court en janvier et les pluies sont restées faibles en février et mars, alors que, d’habitude, nous avons de bonnes averses jusqu’en avril.

Les brumbies des prairies se portent bien pendant la mousson, qu’elle soit importante et accompagnée d’inondations, ou plus réduite. Ils ont l’habitude de ces conditions, et s’adaptent facilement. Pendant les inondations, on les trouve bien installés sur les terrains plus élevés et les flancs rocheux des collines. Il faut savoir que leurs sabots sont extrêmement durs et toujours bien formés. On ne voit que rarement, sinon jamais, de défaut aux sabots de ces chevaux.

Lorsque la mousson est plus faible que la moyenne, on trouve les brumbies un peu partout en groupes familiaux. C’est uniquement en cas de nécessité qu’ils ont tendance à occuper les terrains plus élevés et plus grossiers. On peut alors voir les juments accompagnées des petits poulains nés pendant les mois qui ont précédé la saison des pluies, mais ces derniers ne sont pas toujours faciles à distinguer, car leurs mères font constamment écran de leur corps pour protéger leurs petits si elles perçoivent une menace imminente.

Nous sommes maintenant au milieu de la saison sèche et les brumbies profitent des températures plus fraîches. Beaucoup vont se couvrir d’un pelage hivernal qui les protégera de l’humidité lorsqu’elle augmentera de nouveau. Ils se déplacent loin, jusqu’aux extrémités du domaine et profitent de la nouvelle herbe qui repousse après les brûlis contrôlés. On croise de grands groupes familiaux dans la prairie, avec toujours l’étalon alpha qui surveille de près son harem. Il veille à ce qu’aucun membre du troupeau ne sorte du rang et à contrer les menaces des autres étalons. Il s’assurera aussi que les jeunes mâles soient bien repoussés hors du harem à leur maturité, afin qu’ils se débrouillent seuls. Ces jeunes mâles forment alors de petits groupes de célibataires, généralement composés de trois à cinq individus, qui paissent et vagabondent ensemble.

Selon son tempérament, l’étalon prendra la fuite à votre approche, ce qui est le mécanisme naturel de défense de tous les chevaux, ou alors il reviendra en décrivant des cercles et vous observera à distance. Mais il se tient toujours dans l’ombre et le plus souvent derrière d’épais fourrés, si possible. Les juments et les jeunes poulains forment, quant à eux, l’arrière du troupeau, tandis que l’étalon et son harem se placent entre eux et vous. C’est pourquoi il est parfois difficile de prendre de bonnes photos, surtout des jeunes.

Parfois, en descendant une piste dans le bush, un troupeau de brumbies accompagne la voiture et galope dans les broussailles parallèlement à elle pendant 100m environ. L’étalon alpha tient naturellement l’arrière et laisse tout son groupe devant lui. Si l’envie leur prend et surtout dans la fraîcheur du matin à la saison sèche, ils peuvent continuer sur plusieurs kilomètres. Ils se déplacent au pas dans les épais taillis avec beaucoup d’adresse et beaucoup plus vite que n’importe quel véhicule ou moto. On ne les voit jamais trébucher ou se blesser, même lorsqu’ils traversent des fourrés très denses.

Pendant les mois de rassemblement avant la saison des pluies, à partir de fin septembre, les troupeaux parcourent de grandes distances entre leurs pâturages et l’eau, de sorte qu’ils perdent un peu de leur forme et de leur poids. Mais ils les retrouvent très rapidement dès le retour des pluies et de l’herbe.

Je vous l’ai dit, ils sont en pleine forme à cette période de l’année. Ils ont le poil lisse et luisant, de longues crinières et de belles queues. C’est toujours quelque chose, de voir les différents groupes familiaux paître dans les prairies pendant la saison sèche.

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