Les organisations Helvetia Nostra et Les Travers du Vent ont pris connaissance avec déception de la décision du Tribunal fédéral de rejeter leur recours contre le Plan d’affectation cantonal (PAC) du « Parc éolien de la Montagne-de-Buttes », au Val-de-Travers (NE). Le Tribunal fédéral considère que le développement des parcs éoliens doit, après évaluation des circonstances, l’emporter sur les intérêts environnementaux. Bien que le Tribunal cantonal doive encore statuer sur les permis de construire concernant les 19 turbines d’une hauteur de 180 mètres, la validation du site d’implantation constitue une estocade grave à la protection de la biodiversité et du paysage.
Dans ses considérants, le Tribunal fédéral invoque notamment la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération, pour justifier de faire primer l’intérêt à la production d’électricité éolienne sur les intérêts de protection de la nature et du paysage. La présence d’habitats pour de nombreux oiseaux et la beauté de ce paysage encore paisible n’ont malheureusement pas convaincu la plus haute instance helvétique.
Outre le parc éolien de Ste-Croix actuellement en cours de construction, la proximité directe du projet de parc éolien du Mont-de-Boveresse et de celui de la Grandsonnaz (Chasseron) produira des impacts négatifs cumulés sur les oiseaux, les chauves-souris et le paysage de cette région. Pourtant, le Tribunal fédéral ne voit pas le besoin de coordination, évident aux yeux des recourants.
De même, les conséquences de l’ensemble des projets sur l’avifaune et les chiroptères sont problématiques, car il est indéniable que l’implantation d’autant d’éoliennes représente une réelle menace en termes de pertes d’habitats et de collisions avec les pales des éoliennes. A cet égard, le récent retour de l’Aigle royal dans cette région, après 200 ans d’absence, risque d’être compromis par la réalisation de ce projet. Cependant, le Tribunal fédéral a estimé que les mesures de compensation et de protection concernant les impacts sur l’avifaune et les chiroptères étaient suffisantes, alors que les deux organisations les jugent minimalistes.
Cet arrêt ne vient que confirmer le caractère exagéré du « Mantelerlass » (révision de la Loi sur énergie et de la loi sur l’approvisionnement électrique), adopté sur la base d’une soi-disant urgence d’approvisionnement énergétique et une volonté d’accélérer les procédures de construction de parcs éoliens et solaires. Les autorités judiciaires procèdent déjà souvent à une pesée des intérêts en faveur des énergies renouvelables – et cette balance des intérêts doit être maintenue pour que les tribunaux continuent à évaluer chaque aspect des nouveaux projets de production d’énergies renouvelables.
Bien que les organisations déplorent cette décision approuvant à nouveau l’implantation d’un parc éolien sur un site naturel quasi intact, elles restent convaincues que le tournant énergétique peut se faire en épargnant les éléments les plus précieux de nos paysages et de notre biodiversité.
CONTACTS
Helvetia Nostra – Fondation protectrice de la nature, du paysage et du patrimoine suisses