Ce 18 juin 2023, les Montreusiennes et les Montreusiens ont accepté l’initiative communale «Sauver les Grands-Prés». La population de Montreux fait ainsi un choix courageux ; celui de rompre avec la frénésie du béton qui sévissait dans la Commune depuis des décennies, celui de protéger son histoire, son urbanisme, son bien-être, et ce qu’il reste de nature en ville. Les «Grands-Prés», le dernier poumon vert de la région de Chailly-Clarens, devra être ainsi définitivement colloqué en zone de verdure, et devra servir avant tout la biodiversité et la population. 

Le projet de construction prévu par la Commune, avec la Société coopérative immobilière de Montreux (SOCIM) et les Retraites populaires – un gigantesque nouveau quartier de 232 logements, dans 11 bâtiments, et 245 places de parking souterrain, ne verra donc pas le jour, fort heureusement. A la place, les initiants proposent à la Commune de créer un parc ouvert au public, ménageant des aires de loisirs et des lieux réservés aux espèces de faune et de flore. «La Commune manque de planification depuis des dizaines d’années. Et voilà qu’avec ce projet, elle répétait les mêmes erreurs. Avec ce résultat, nous sommes fiers de la décision populaire, qui témoigne d’une clairvoyance que la Commune n’a pas eue jusqu’ici » se réjouit Marianne Lipari, présidente de l’ASGP.

«La pénurie de logements est réelle », explique quant à lui Emmanuel Gétaz, membre de l’ASGP, «mais d’autres solutions existent à Montreux, par exemple pour stimuler la location d’innombrables logements, la plupart du temps vides.» Les initiants partent du principe que la Municipalité respectera la volonté populaire et abandonnera le projet contesté, notamment en renonçant à proposer l’octroi d’un droit de superficie aux promoteurs. Il lui appartient désormais de prévoir l’aménagement des Grands-Prés, mais surtout de mettre en œuvre certaines solutions évoquées durant la campagne pour pallier le manque de logements (notamment sociaux) sur son territoire – à commencer par la création d’un fonds d’urbanisme permettant notamment l’exercice efficace du droit de préemption dont la LPPPL dote les communes. 

François Sugnaux, vice-président de Pro Natura Vaud, voit cette victoire comme un changement de paradigme : «plutôt que de satisfaire les intérêts des promoteurs, il faut désormais axer les politiques publiques sur le bien-être de tous les habitants, la préservation de la biodiversité, du peu de nature qu’il nous reste et qui rafraîchit nos étés». 

«Les Grands-Prés ont inspiré Rousseau, à qui Montreux doit les débuts de son économie touristique. Il est temps que la Commune cesse de scier la branche sur laquelle elle est assise en préservant son patrimoine naturel et ses bâtiments «Belle Époque» qui sont uniques et irremplaçables» explique Christian Guhl, Président de l’ASPM.

 «En votant « OUI » à l’initiative, la population de Montreux a envoyé un signal très fort à toute la région – voire au canton et au-delà. L’ère du bétonnage et de l’urbanisation à tout prix est désormais terminée», selon Vera Weber, présidente de la FFW, fière de la Commune où elle a grandi. Les Montreusiennes et Montreusiens sont tournés vers l’avenir : un avenir résolument plus vert, plus réfléchi, plus harmonieux.