01.06.2022
Fondation Franz Weber

Le Conseil des Etats enterre une motion contre la chasse aux trophées

La chasse aux trophées – c’est-à-dire le tir d’animaux dont la chasse est considérée comme prestigieuse pour en collectionner les attributs – est une pratique d’un autre siècle, évocatrice des heures sombres de l’histoire coloniale.

Pourtant, elle est toujours monnaie courante en Afrique, où de riches chasseurs, souvent étrangers, sont prêts à débourser des dizaines de milliers de dollars (à titre indicatif, le permis pour tuer un éléphant coûte près de 50 000 francs suisses par animal) pour avoir la «chance» de tuer un ou plusieurs «big 5», c’est-à-dire un lion, un éléphant, un rhinocéros, un léopard ou un buffle. Malgré leur caractère obsolète, cruel et absurde, ces chasses de luxe et leurs corollaires, le commerce et la collection des trophées, sont intouchables. Les pays concernés vantent de prétendues retombées économiques sur les populations autochtones, et la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction (CITES) ferme les yeux. Cette dernière, se basant sur des principes juridiques absurdes, dépassés et contradictoires, autorise en effet l’exportation et l’importation de «trophées» issus des animaux tués (défenses, peau, tête…), car elle estime qu’ils sont «non commerciaux», quelque soit le statut de l’espèce concernée – qu’elle soit menacée ou non!

En Suisse, une motion voulait justement interdire l’importation sur le territoire de ces «trophées». Le Conseil national, qui estime à juste titre que ce «tourisme de la mort» ne doit pas être cautionné par notre pays, l’avait adoptée. Peine perdue: le 30 mai dernier, le très conservateur Conseil des Etats, enterrait la motion à 22 voix contre 17 (et 2 abstentions). Fidèle à ses principes, le Conseil fédéral, connu pour être favorable au commerce et à l’exploitation de la flore et de la faune sauvages, avait lui aussi pris position contre la motion. Pourtant, les enquêtes que mènent la FFW depuis des années en Afrique sur les effets de cette chasse mettent en évidence qu’elle n’est bénéfique ni pour la conservation des espèces, ni pour les populations locales. La Suisse a donc encore une fois perdu l’occasion de se distinguer car l’adoption de la motion aurait envoyé un signal clair: les trophées d’animaux menacés ne sont pas des bibelots, et ils n’ont pas leur place dans notre pays!

 

 

 

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