Depuis près de 50 ans, la Fondation Franz Weber (FFW) – créée par Franz Weber en 1975 – s’engage pour la conservation des espèces animales et végétales dans le monde entier. Vera Weber et son équipe savent par expérience l’importance d’écosystèmes variés et intact.
« C’est juste un arbre, il y en reste bien d’autres à coté », tel est l’argument qu’on entend souvent lorsqu’un hêtre, un sapin ou un arbre d’une autre essence fait obstacle à un projet de construction ou présente une gêne quelconque. Ainsi, d’innombrables géants verts disparaitraient au fil des ans, sans les actions multiples et engagées de la Fondation Franz Weber. En 2023, la FFW a par exemple empêché l’abattage d’au moins 60 arbres isolés uniquement dans le canton de Vaud, sans compter les arbres sauvés dans les autres cantons helvétiques. Les arbres préservés sont un signe encourageant – notamment pour l’initiative biodiversité, qui fera l’objet d’une votation mi-septembre.
Menu fretin
« Nous nous battrons pour chaque arbre » a annoncé Vera Weber, présidente de la FFW, il y a quelques années. Dans ce but, la Fondation Franz Weber a notamment loué une zone boisée à Mühlberg pour empêcher son défrichement, elle a sauvé du bétonnage un habitat naturel à Montreux – Les Grands Prés – proche d’une châtaigneraie, et elle s’est engagée à Genève pour la protection du domaine de Penthes aux arbres séculaires. D’autres arbres ont été sauvés à Bienne, Berne et Gruyère, et dans les cantons de Thurgovie, de Schaffhouse, de St. Gall, de Zurich et du Valais. Ensemble, ils représentent une surface considérable. Quiconque veut s’engager pour la biodiversité en forêt et dans les zones urbaines ne doit pas juste penser à la déforestation en Amazonie, mais se battre devant sa porte, pour la préservation des arbres en Suisse.
Arbre après arbre pour la biodiversité
Certes, les arbres et les forêts ne forment qu’une des nombreuses facettes de la biodiversité. Ils montrent néanmoins très clairement les enjeux. Personne ne songerait à contester que les feuilles filtrent les particules fines, transforment en oxygène le dioxyde de carbone, donnent de la fraîcheur et de l’ombre, et offrent un habitat à une multitude d’êtres vivants et d’organismes, comme le scarabée pique-prune, menacé d’extinction. De plus, les racines des arbres filtrent l’eau et préviennent, entre autres, l’érosion. Ils fournissent même des substances nutritives vitales pour l’agriculture. Pourtant, dans bien des cas, les hommes sont prêts à sacrifier ces miracles de la nature, simplement parce qu’ils pensent à court terme – « c’est juste un arbre ».
Le vent tourne
Dans de nombreux endroits, les citoyens se dressent contre des projets qui impliquent l’abattage d’arbres. La FFW et son organisation-sœur Helvetia Nostra sont très souvent appelées au secours, et font à leur tour appel à des experts, comme Fabian Dietrich, spécialiste en soins des arbres doté d’un diplôme fédéral. « Pour compenser tout ce qu’un vieil arbre fait pour l’environnement, il faudrait en planter près de 400 jeunes », dit ce dernier en citant une étude. Une partie de la population semble désormais l’avoir compris, et ce changement de mentalité est stimulant. En effet, avec les bons arguments, nous pouvons poser les jalons pour préserver les arbres essentiels et les espaces verts suisses – notamment mi-septembre dans les urnes.
Les bons arguments
« Depuis près de cinquante ans, la Fondation Franz Weber s’engage pour la biodiversité dans le monde entier », déclare Vera Weber. Même si la biodiversité n’est pas toujours aussi visible que sur les arbres, il s’agit le plus souvent de préserver des espèces animales et végétales qui remplissent une fonction majeure dans l’écosystème. Lorsqu’on s’engage aussi longtemps pour la diversité dans la nature, on a une liste infinie de bons arguments pour la protéger.
Protection du paysage
Tout comme les arbres, les paysages qui forment des habitats intacts sont essentiels pour que notre planète reste vivable. Franz Weber en a pris conscience dix ans avant de fonder la FFW, lors d’un voyage en Engadine. Là-bas, il s’est battu pendant des années pour sauver Surlej, la vallée de la lumière, où devait être érigée une ville de 25 000 habitants, ce qui aurait entièrement détruit le paysage. Par chance, Franz Weber a pu sauver ce petit bout de terre exceptionnel. Au cours des décennies suivantes, ce « protecteur des habitats », comme il se qualifiait, a lancé plus de 150 initiatives pour l’homme, l’animal et la nature. Chacune de ces campagnes a durablement contribué, dans une certaine mesure, à sauvegarder la biodiversité. La FFW poursuit ce combat !
Place à l’avenir
Quand la FFW se démène pour sauver les éléphants, met en place et réclame la protection des poissons coralliens, ou aide à créer en Amérique latine la plus grande aire marine protégée, elle s’engage directement pour la préservation des espèces animales et végétales qui appartiennent à notre écosystème.
« Sur terre, les espèces font partie d’un tout, et la disparition de l’une d’entre elles a des impacts très graves sur l’ensemble du vivant. », explique Vera Weber, ajoutant que chacune d’elles a son importance pour l’écosystème, donc finalement pour l’humanité.
Il en va de l’avenir
« Nous croyons pouvoir se prendre pour dieux », observe Vera Weber. « Mais ça ne marche pas. » Elle pense donc que la FFW a le devoir de conserver le plus possible la nature à l’état sauvage, et elle continue à se battre pour chaque espèce et pour chaque arbre, comme le fait depuis cinquante ans la Fondation Franz Weber. À ses yeux, l’initiative biodiversité est aussi capitale pour une autre raison: « La loi sur l’électricité affaiblit terriblement la protection de la nature en Suisse. En disant oui à l’initiative biodiversité le 22 septembre, nous pourrons un peu atténuer les pires conséquences de cette loi, pour mieux protéger la nature. »
Scientifiquement prouvé
Qu’il s’agisse des arbres, des abeilles ou d’autres espèces – les interactions sont connues et l’importance d’un écosystème intact est scientifiquement prouvée. « Malheureusement, on privilégie trop souvent les avantages et les gains à court terme aux dépens de la conservation des arbres et de la nature », s’entendent à dire Vera Weber et Fabian Dietrich. Un maître d’œuvre qui veut se débarrasser d’un arbre gênant argue qu’il y en a bien assez dans la forêt voisine. Mais les propriétaires du bois veulent en tirer profit, de sorte que la pression s’accentue pour une exploitation forestière intensive. Résultat : une vague de déboisement rampante, dont les conséquences ébranleront l’humanité dans quelques années. « Nous n’avons pas le droit d’attendre si longtemps », prévient Vera Weber, poussant chaque citoyen suisse à voter durablement pour la biodiversité. « Nous devons donner un signal clair à nos dirigeants », souligne la protectrice de la nature. « Un signal urgemment nécessaire – pour les animaux et les plantes, mais aussi pour nous, les hommes. »