Entre 1982 et 1983, Franz Weber a déployé tous les moyens possibles pour sauver le parc et le bâtiment historique situés autour des chutes de Giessbach. Son action « Giessbach au peuple suisse » fut le tout premier financement participatif — des décennies avant l’arrivée d’Internet et des réseaux sociaux.
Par le biais d’annonces dans la presse et d’envois massifs de courriers, la population suisse fut appelée à contribuer financièrement à la fondation « Giessbach au peuple suisse », afin d’acheter l’hôtel historique, ses dépendances et l’ensemble du parc forestier, pour le sauver d’un projet de complexe touristique qui l’aurait défiguré.
Ce fut un immense succès — et bien plus encore : cette campagne a aussi marqué un tournant dans la manière de penser le tourisme en Suisse. Désormais, il ne s’agissait plus de démolir sans état d’âme les anciens hôtels historiques, mais de les restaurer pour les transmettre aux générations futures.
L’effort nécessaire pour sauver le Grand Hôtel de Giessbach et son parc fut considérable. Mais l’entretien régulier du domaine de 22 hectares, ouvert à tous et visité chaque année par des centaines de milliers de personnes, l’est tout autant.
Les revenus de l’hôtel et du restaurant, aussi réjouissants soient-ils, ne suffisent pas à couvrir ces frais. Pour entretenir le parc, faire fonctionner le funiculaire historique, restaurer les façades ou financer des travaux urgents comme la sécurisation des parois rocheuses, il faut régulièrement compter sur le soutien de personnes engagées.
La forêt qui surplombe le lac de Brienz, avec ses sentiers enchanteurs, sa végétation luxuriante et le grondement des chutes, est un joyau écologique unique.
Contrairement à la norme en Suisse, la forêt de Giessbach est laissée à l’état naturel. Aucune espèce étrangère n’y est introduite, aucune monoculture plantée, aucun engin de récolte n’y pénètre, et aucun arbre n’en est extrait. Des arbres qui poussent naturellement, un sol sain, du bois mort précieux et un écosystème équilibré en sont les témoins visibles.
Tout comme l’hôtel, la forêt dégage une impression d’intemporalité. Une forêt féerique aux arbres majestueux, à la végétation exceptionnelle, au tapis de mousse délicate, bordée de fougères rares. L’énergie de la forêt rencontre celle des chutes de Giessbach, qui dévalent plus de 400 mètres, et celle du lac de Brienz, d’un vert turquoise, s’étendant sur près de 30 kilomètres carrés.
Beauté, silence et air pur : un véritable baume pour l’esprit et l’âme — idéal pour se ressourcer.
Mais que l’histoire de Giessbach se poursuive, même après sa sauvetage, n’a rien d’évident. Elle se poursuit grâce à des personnes qui, au-delà de l’émerveillement, assument une part de responsabilité — pour que ce lieu d’exception soit préservé et que les générations futures puissent, elles aussi, en faire l’expérience.