Chacun d’entre nous a, à la naissance, un émerveillement et une fascination innés pour la nature. Cet amour profond va s’avérer indispensable à notre survie à tous. Nous devons donc, et de toute urgence, cultiver et transmettre à nos enfants la joie de (re)tisser des liens avec notre environnement, avec le sauvage. Pour cela, il existe une recette miracle : s’immerger dans la nature, en famille!
Les enfants, que nous commençons tous par être, sont fascinés par la nature : les insectes, les nuages, les feuilles qui tombent… Notre société, tant éloignée du monde naturel, qui nous est pourtant indispensable, nous déconnecte, avec le temps, de ce lien inné avec notre environnement. Cultiver, ou dans certains cas réenseigner, l’amour de la nature dès le plus jeune âge est donc essentiel – car les enfants sont les adultes de demain.
Au-delà de sensibiliser les enfants et les jeunes aux enjeux environnementaux – auxquels ils ne peuvent de toute manière pas échapper à l’heure actuelle – c’est le développement d’un lien étroit avec toutes les formes de vivant, d’une affection pour les animaux et d’un émoi devant la beauté de paysages, qui feront toute la différence.
Éduquer, c’est montrer l’exemple
Rien n’est plus facile que de cultiver l’amour de la nature. Il suffit de se promener dans la forêt, si possible en sortant des sentiers battus. D’attirer l’attention de nos tout petits sur les plus merveilleux détails : la forme d’une pive, les couleurs d’une feuille, les dessins de la coquille d’un escargot… De leur permettre de jouer avec les bâtons, les pierres et la mousse, de mettre les mains dans la terre, de se cacher derrière les troncs d’arbres, de sauter dans les flaques d’eau. Ils finiront par prendre la relève, nous révélant le chant d’un oiseau auquel nous ne prêtions pas attention, une cavité dans un tronc d’arbre où sont déposés des œufs, une tanière creusée sous une souche.
Éduquer, c’est montrer l’exemple. Pour susciter chez nos enfants la joie d’être au contact avec la nature, il faut retrouver ce bonheur en nous. Recréer ce lien que, souvent, nous avons perdu. Comment ? Tout simplement en sortant se promener. Même les villes recèlent de trésors naturels, de petites bêtes, d’arbres remarquables !
L’école à la forêt
Les « forest schools », ou école à la forêt, est un concept déjà largement répandu dans les pays du Nord de l’Europe depuis le début du 20ème siècle. L’idée d’un enseignement plus proche de la nature, surtout à l’école primaire, voire la tenue de tout ou partie des cours en plein air et en forêt, gagne du terrain désormais en Suisse comme dans le reste de l’Europe.
Diverses études ont révélé les bienfaits de l’apprentissage en plein air. Ce type d’enseignement favorise le bien-être général, et facilite l’acquisition des connaissances : les enfants progressent plus rapidement en lecture, en écriture et en mathématiques. Ils sont les acteurs de leur apprentissage, par nature interactif et concret, et acquièrent plus facilement l’autonomie, ainsi que des capacités d’empathie et d’entraide.
L’environnement dans lequel les enfants évoluent impacte directement leur bien-être, et donc leurs capacités d’apprentissage. Les « forest schools » vont plus loin : elles repensent l’éducation, par exemple en « décloisonnant les disciplines ». Ainsi, au lieu de suivre une heure de mathématiques, puis une heure de français, etc., l’enseignement est pensé en termes de projet (par exemple : la connaissance de l’arbre). L’acquisition des connaissances devient donc plus facile, car liée aux émotions et aux sens.
L’enseignement de l’empathie
La Fondation Franz Weber (FFW) est consciente de l’importance d’apprendre aux enfants à créer des liens avec la nature, et plus particulièrement de leur enseigner l’empathie envers nos frères et sœur, les animaux. Il est en effet démontré, statistiquement, que les actes de violence entre humains sont plus fréquents dans les sociétés qui admettent une forme de violence envers les animaux. En d’autres termes, apprendre aux enfants à considérer les animaux comme des êtres sentients, dotés de sentiments et d’émotions, pouvant notamment ressentir la peur, la douleur et la tristesse, permettrait de réduire les violences interpersonnelles – et donc de créer une société meilleure !
Dans cette optique, la FFW a créé un cours spécifique, destiné en premier lieux aux administrations publiques, pour enseigner aux plus jeunes générations l’empathie envers les animaux. Dans le cadre de l’École Franz Weber (Escuela Franz Weber, www.escuelaffw.org), la Fondation offre ce cours gratuitement, en ligne, en espérant faire intégrer certaines techniques de sensibilisation dans l’enseignement public. La campagne « Infancia sin violencia » (Enfance sans violence) de la FFW, qui vise à éloigner les enfants de la cruauté de la tauromachie, va dans le même sens.
Protéger la biodiversité pour nos enfants
Nous ne pouvons pas nous reposer sur les prochaines générations pour endiguer la perte massive de biodiversité que nous traversons actuellement, dans le monde entier et aussi en Suisse (où près de la moitié des milieux naturels et plus d’un tiers de toutes les espèces d’animaux, de plantes et de champignons connues sont menacées d’extinction). Nous devons agir maintenant ; comment en effet espérer recréer un lien entre nos enfants et la nature, si cette dernière n’existe pratiquement plus ?
Le 22 septembre prochain, la Suisse votera sur l’initiative fédérale « Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage » (Initiative biodiversité). Cette initiative veut tout simplement accorder davantage de place à la protection de la nature, du paysage et du patrimoine bâti, et allouer plus de moyens financiers à la conservation de la diversité naturelle. Rien de révolutionnaire, donc. L’initiative se révèle comme une évidence à notre époque : protéger un peu mieux notre biodiversité, pour nous-mêmes et pour que nos enfants puissent continuer à s’émerveiller, jour après jour, devant la beauté et la complexité de la nature.