20.08.2019
Fondation Franz Weber

Décision importante de la CITES CoP18 – L’impact de l’industrie des poissons marins va enfin être examiné

L’industrie des aquariums fait peser une lourde menace sur les poissons coralliens d’ornement, à travers les océans. Pourtant, il n’existe pratiquement pas de règles, pas de contrôles ou d’informations sur l’impact de ce commerce sur les espèces et les écosystèmes. La Conférence des Parties à la CITES (CoP18) a accepté ce jour une proposition de la Suisse, de l’Union européenne et des États-Unis visant à remédier à cette situation et à préparer une étude complète sur l’industrie des aquariums, pour que des mesures urgentes puissent être prises. La Fondation Franz Weber salue cette décision fondamentale sur le long terme.

GENEVE – Il existe, dans le monde, près de 1’000 aquariums publics et au moins 2 millions de particuliers qui possèdent des aquariums privés. Une industrie, donc, qu’il faut pouvoir satisfaire – le seul moyen de le faire est de prélever toujours davantage de poissons directement sur les récifs coralliens, puisque la majorité des poissons d’ornement marins ne peuvent pas être élevés en captivité. Une preuve, d’ailleurs, que la captivité ne le convient pas. 

Les poissons coralliens, prisés par les aquariums, sont trop souvent pêchés dans la nature, à l’aide de poisons tels que le cyanure. Non seulement le taux de survie lors de la capture et du transport est très réduit (près de 80% des animaux peuvent mourir avant d’arriver dans l’aquarium !), mais les habitats naturels souffrent également de ce type de procédé. 

Malgré l’ampleur de cette industrie (qui brasse dans les 1.5 milliards de dollars chaque année), il n’existe pratiquement pas de réglementation à ce sujet : seul un groupe d’espèces, l’hippocampe, et deux espèces de poissons (le poisson-napoléon et le poisson-ange doré) sont expressément protégés par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES). En outre, des données précises sur le volume du commerce, les espèces touchées et les impacts sur les écosystèmes font gravement défaut. Dr. Monica V. Biondo, biologiste marin de la Fondation Franz Weber (FFW), résume la situation : « en somme, aujourd’hui, il n’est pas possible de surveiller et de contrôler le commerce de poissons d’ornement marins pour l’industrie des aquariums, ou d’évaluer son impact. Cela ne peut plus durer ».

Monica Biondo a publié plusieurs études scientifiques sur le commerce en Suisse et dans l’UE, qui soulignent l’urgence d’étudier ce commerce. Fondés sur les résultats de cette étude, la Suisse, l’Union européenne et les Etats-Unis ont soumis le document à la CoP18 qui vient d’être adopté par consensus, visant à ce qu’une étude approfondie soit menée et que les conclusions de ces recherches soient présentées à la prochaine CoP en 2020. Le but est que les Parties à la CITES puissent prendre des mesures pour mieux protéger les poissons ornementaux marins du commerce international. 

Le cas du Poisson-cardinal de Banggai

L’industrie des aquariums décime, peu à peu, les espèces de poissons coralliens d’ornement, déjà menacées par la perte d’habitat et la pollution. Tel est en particulier le cas du magnifique Poisson-cardinal de Banggai, endémique d’une toute petite région en Indonésie. Sa population a été décimée à plus de 90% par la forte demande émanant des aquariums. Cette espèce ait été placée à l’ordre du jour de la dernière CoP de la CITES par l’UE (septembre 2016, Johannesburg), qui avait été convaincue par le travail de recherche scientifique de la FFW. L’Indonésie doit désormais prendre des mesures de protection, et rendre un rapport à la CITES, qui sera examiné lors de la prochaine CoP19.

Informations complémentaires
Communiqué aux médias du 19. aout 2019 (pdf)
Stop au commerce d`espèces menacées!
L’industrie des aquariums
Poisson-cardinal de Banggai
Flyer d’informations aux poissons (anglais, pdf)

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