13.04.2021
Alejandra Garcia

Equidad déménage: il était temps

L’acquisition tant attendue de notre nouveau havre de paix pour accueillir nos multiples protégés argentins est enfin conclue! Après sept années sur un terrain devenu trop étroit et en territoire de plus en plus hostile, nos rescapés pourront bientôt s’ébattre dans un sanctuaire de plus de 300 hectares de verdure et de pâturages de montagne. Mais de nombreux défis attendent encore nos équipes avant que nos animaux puissent profiter de cette liberté et de cet espace tant mérités.

«Ils ont encore coupé les clôtures… Ils voulaient très certainement voler les chevaux… Quelques jours plus tard, ils ont même tiré des coups de feu et raté de justesse un de nos employés… La situation devient de plus en plus dangereuse ici…». Les rapports de terrain d’Alejandra Garcia, directrice d’Equidad, ne laissaient plus place à l’hésitation: face à la multiplication des tentatives d’agressions et de vol de nos animaux, amplifiés par la crise sanitaire et économique, il n’y avait pas une minute à perdre pour organiser la mise en sécurité de nos employés et de nos protégés. En effet, tant nos chevaux que le bétail sauvés par nos soins attisent la convoitise malveillante d’intrus, qui, particulièrement en ces temps de crise, ne voient en eux que viande et profit facile. Outre l’urgence sécuritaire, le maintien sur 10 hectares de près de 300 animaux devenait intenable.

Havre de paix pour âmes cabossées
C’est dans ce contexte que notre rêve est enfin devenu réalité: dans quelques semaines, nous pourrons commencer à acheminer nos pensionnaires vers leur nouveau domaine, où 312 hectares de nature coupée du monde les attendent! Mais le plus dur reste à faire, car tous nos amis à quatre pattes souffrent d’un passé traumatique et/ou de lourdes séquelles physiques après les années d’abus qu’ils ont subi. Cela les rend craintifs et pas toujours dociles… Ainsi, malgré tout l’amour et les soins que nous leur portons chaque jour, certains demeurent emmurés dans leurs peurs. De fait, étant donné qu’il nous est impossible de leur expliquer que le transport chaotique que nous allons leur infliger dans un espace restreint sur 60 kilomètres de routes de montagne peu carrossables vise uniquement à leur offrir une vie meilleure, il nous faut déployer des trésors d’ingéniosité pour les préparer et les désensibiliser au maximum à ce voyage.

Equipe choc
Comme toujours, nos protégés peuvent compter sur leurs anges gardiens pour les accompagner dans cette mission délicate: 6 salariés et 8 bénévoles assureront un relais constant entre l’ancien et le nouveau sanctuaire, tant pour préparer le nouveau terrain et gérer les premiers arrivants que pour s’occuper des animaux restés dans l’actuel sanctuaire. Afin de préparer au mieux les individus les plus sensibles, un éducateur spécialisé a également été engagé. Il ne risque pas de s’ennuyer avec notre ménagerie composée de 160 chevaux, 1 buffle, 20 coqs, 2 mules, 4 poneys, 7 ânes, 3 ânes pygmées, 14 vaches, 23 chèvres, 11 moutons, 25 cochons, 3 sangliers, 4 lamas et 25 chiens!

Des préparatifs et des travaux d’envergure
Nos équipes d’employés et de bénévoles travaillent dur. Nous devons clôturer le périmètre complet de nos 312 hectares afin de pouvoir ériger un pare-feu en cas d’incendie de forêt et contrôler l’état de la clôture pour remplacer les poteaux et les fils de fer endommagés. La deuxième étape consiste à aménager de grands paddocks dans lesquels les chevaux âgés ou souffrant de problèmes de santé pourront vivre en toute sécurité.

 

Préparation au cas par cas
Optimistes mais réalistes, nous nous sommes fixés pour objectif d’avoir totalement évacué nos compagnons en deux mois. Nous estimons qu’une trentaine de voyages seront nécessaires pour cela car il nous faudra tenir compte des sensibilités et des affinités de chacun pour établir des petits groupes de transport. Si tous nos protégés risquent de nous donner du fil à retordre, nos bovins nous inquiètent particulièrement, notamment Laura, notre bufflone. Rescapée d’un zoo, nous gardons un souvenir intense de son départ pour Equidad: 3 heures ont été nécessaires pour la faire embarquer! De tempérament lunatique, – elle est tantôt affectueuse avec nous, tantôt distante –, nous redoutons ses changements d’humeur qui pourraient compliquer et retarder son transfert. Notre éducateur jouera un rôle crucial pour la familiariser à l’embarquement et pour lui éviter toute appréhension. Entrainés par nos soins à fuir les humains – une mesure essentielle afin de les protéger des dangereuses convoitises qu’ils suscitent –, nos 14 vaches et taureaux pourront eux aussi compter sur les compétences et sur la bienveillance de notre spécialiste pour apprendre à monter calmement dans une remorque.

Après les bovins, les porcs comptent parmi ceux qui seront les plus délicats à transporter. Particulièrement sensibles, ces animaux sont connus pour faire des arrêts cardiaques en cas de stress intense – lors des transports pour l’abattoir notamment. Aussi, ils feront l’objet de conditions de transport particulières: nous n’excluons pas de les faire voyager deux par deux dans nos voitures! Afin d’anticiper toute mauvaise surprise, nous avons d’ores et déjà pris contact avec les autorités et la police afin qu’ils ne soient pas étonnés de tomber sur nos covoiturages d’un genre unique!

Voyages sous haute surveillance…et en bonne compagnie!
Le stress et la sensibilité de nos petits rescapés aux passés difficiles ne sont pas nos seuls défis pour ce déménagement extrême: il nous faut également tenir compte des fragilités et des pathologies de chacun. Tornadito, notre petit poney, fait partie de ceux qui nécessiteront des précautions particulières pendant le voyage. Handicapé par une vieille fracture mal consolidée de la jambe avec rétractation du tendon, il lui faudra un tapis en caoutchouc afin qu’il puisse tenir debout sur ses aplombs pendant près de 2 heures. Pour plus de précautions, des caméras seront installées dans la remorque afin que nos équipes puissent voler à son secours en cas de problème. Il pourra compter sur le soutien de Rialto, son meilleur ami, un vieux cheval dont il est devenu inséparable et qui voyagera avec lui!

Autres chevaux inséparables: notre belle Silvina et sa pouliche Soledad, qui naturellement voyageront ensemble. Elles aussi bénéficieront d’un transport sécurisé grâce à la vidéo surveillance de la remorque. Les derniers à quitter le sanctuaire seront nos petits lamas, qui ont encore un long chemin à faire avant de nous faire confiance. Afin de les amadouer, nous avons néanmoins un atout de taille: le maïs! Nous comptons sur leur gourmandise pour vaincre leur timidité et apprendre à nous suivre dans la remorque sans paniquer.

Nouveaux défis
Vous vous en doutez, notre mission pour les prochains mois ne se limite pas à la préparation des animaux et à leur transport. En effet, parallèlement à cela, nos équipes vont devoir s’atteler à l’aménagement du nouveau sanctuaire qui, bien que paradisiaque, manque encore de quelques infrastructures clés pour accueillir nos nombreux bénévoles et loger nos employés dans des conditions optimales.
Il nous faut ainsi acquérir – et récupérer sur notre site actuel – de quoi faire des clôtures pour éviter que nos petits compagnons ne s’échappent et restaurer les bâtiments d’habitation qui nous permettrons d’accueillir nos bénévoles.

Autre défi: si l’enclavement du nouveau sanctuaire est providentiel d’un point de vue sécuritaire, c’est aussi une source de difficultés pour communiquer avec le monde extérieur ou en cas d’urgence médicale ou vétérinaire. Il nous sera donc nécessaire d’acquérir une remorque capable de tracter deux chevaux jusqu’à la plus proche clinique – l’hôpital vétérinaire de Cordoue est à 3 heures de route – et d’aménager un espace infirmerie pour les animaux ne nécessitant pas d’être déplacés.

Enfin, malgré les nombreux panneaux solaires déjà présents sur le nouveau site, il nous faudra trouver un moyen d’installer internet et le téléphone par satellite ainsi que l’électricité dans tous nos locaux.

Bref, le chemin est encore long, mais nous sommes sur la bonne voie et l’essentiel est déjà atteint: nous n’aurons plus à trembler pour nos vies ou pour celles de nos protégés!

Preserver, Soigner, Proteger
Les 312 hectares de notre nouveau terrain sont peuplés de nombreuses espèces animales indigènes auxquelles la forêt offre foyer et nourriture. Elles peuvent y vivre à l’abri de toute intervention humaine. La chercheuse naturaliste Ximena Merelle Dherve va donc rester quelque temps à nos côtés et faire l’inventaire de toutes les espèces sauvages animales et végétales. Nous pourrons
ainsi développer des programmes pour mieux les protéger. Ximena a déjà commencé à photographier les oiseaux qui nous surprennent tant par leur beauté et leurs couleurs.

 

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