30.06.2021
Rebekka Gammenthaler

Fonds d’intervention d’urgence : une force de frappe au service de la nature

En 2020, de nombreuses zones protégées essentielles pour la biodiversité ont été exposées à des menaces extrêmes. Hausse du braconnage, conflits armés, catastrophes naturelles d’origine climatique. L’année fût sans précédent. Dans de telles situations, chaque minute compte. Pendant qu’un temps précieux est perdu en logistique et en planification d’intervention, le patrimoine naturel mondial se dégrade, souvent de façon irrémédiable. C’est toute l’utilité du Fonds d’intervention d’urgence: il permet de fournir une aide rapide et adaptée à chaque situation de crise.

Depuis 2013, la Fondation Franz Weber (FFW) est fière de compter parmi les partenaires privilégiés du Fonds d’intervention d’urgence créé en 2006 par le Centre du patrimoine mondial de l’UNESCO et par la Fauna & Flora International (FFI). En tant que membre du groupe de coordination de projet, la FFW met ses connaissances et son expérience à disposition et participe au processus de décision et à l’orientation stratégique.
En 2020, le RRF a fourni 181 677 dollars aux 5 sites protégés suivants:

Réserve de biosphère de Yabotí (Argentine)
La réserve de biosphère de Yabotí est située dans la province argentine de Misiones, entre le Paraguay et le Brésil. Elle fait partie du biome atlantique de forêt, l’une des régions où la biodiversité est la plus dense au monde. L’année dernière, Yabotí a connu une hausse spectaculaire du braconnage, car le nombre de braconniers lourdement armés a considérablement augmenté. Cela s’est traduit par une forte diminution de certaines espèces animales dans la région, tant parmi les prédateurs (jaguar, puma, tirica et chien de brousse notamment) que parmi leurs proies (tapir, pécari à lèvres blanches, paca, etc.).

C’est pourquoi le RRF a octroyé des aides financières à des organisations locales en février 2020 afin qu’elles mettent pour de bon un terme au braconnage, et donc qu’elles garantissent la survie de la riche biodiversité de la réserve.

Parc national des Virunga (République démocratique du Congo)
Le parc national des Virunga est le plus ancien parc national d’Afrique. En raison de sa biodiversité exceptionnelle, comprenant notamment des espèces menacées comme le gorille de montagne, il est inscrit depuis 1979 au patrimoine naturel mondial. Des marécages et steppes en plaine aux étendues neigeuses des montagnes, une chaîne de volcans actifs y a créé une diversité sans égale d’habitats et d’espèces qui les peuplent.

La région souffre cependant depuis plusieurs dizaines d’années d’une instabilité chronique qui entraîne une déforestation croissante et un braconnage débridé. Fin 2019, les affrontements entre les troupes gouvernementales dela République démocratique du Congo et des groupes armés des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) se sont intensifiés. Malgré ces tensions, les gardes du parcont continué à patrouiller et à mener à bien leur difficile mission, protégeant à la fois la biodiversité exceptionnelle du parc et les populations locales.

En 2020, les tensions ont pris une tournure tragique: le 24 avril, à Rumangabo, à proximité du siège du parc, dix-sept personnes étaient massacrées, parmi lesquelles douze gardes, quatre civils et un chauffeur, dans une attaque d’une violence inouïe et sans précédent. Trois autres personnes ont été grièvement blessées.

Face à ce drame, le soutien apporté par le RRF à la Fondation Virunga, qui administre le parc avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), a permis aux gardes et à la direction du parc de faire face et de continuer à protéger aussi bien les communautésaffectées que le parc national du Virunga.

Parc National des Sundarbans (Inde)
Les Sundarbans représentent la plus grande forêt de mangrove contiguë du monde. Située entre l‘Inde et le Bangladesh, elle abrite de nombreuses espèces animales, parmi lesquelles l’extraordinaire tigre du Bengale.Les Sundarbans indiens abritent également 4,5 millions de personnes qui vivent à proximité immédiate de ces forêts et dépendent de leurs ressources naturelles. Ces communautés risquent souvent de se trouver en contact étroit avec des animaux sauvages, ce qui peut parfois engendrer des conflits. Afin de limiter les accidents, des clôtures anti tigres ont été érigées, assurant une séparation et donc la sécurité de tous.

Mais le «super cyclone» Amphan en a décidé autrement: en mai 2020, ses vents violents ont ravagé la zone à une vitesse moyenne de 130 km/heure, détruisant une grande partie des clôtures sur leur passage. C’était sans compter le soutien financier rapide du RRF: grâce à son déploiement en urgence, la direction des forêts du Bengale occidental a pu remplacer près de 50 kilomètres de clôtures en collaboration avec le WWF Inde. Depuis, plus aucun incident mortel entre hommes et tigres n’est à déplorer.

Zone de conservation du Pantanal (Brésil)
La région du Pantanal est la plus grande zone humide tropicale du monde, au carrefour du Brésil, de la Bolivie et du Paraguay. Le site, inscrit au patrimoine naturel de la zone de conservation du Pantanal, fait partie de la réserve de biosphère du Pantanal. Cette dernière, la plus importante, couvre une partie considérable du Pantanal brésilien et est d’une importance écologique de premier ordre. En effet, cette zone protège de nombreuses espèces menacées, parmi lesquelles une grande population de jaguars, de tatous géants, de fourmiliers géants, de loutres géantes, de cerfs des marais et d’aras hyacinthe.

Mais une mauvaise saison des pluies en 2019 est venue perturber cet équilibre, laissant le fleuve Paraguay à son niveau le plus bas depuis 50 ans. Accompagné d’une faible humidité et de températures élevées, le manque de pluie a provoqué des incendies dévastateurs d’une ampleur sans précédent pendant l’été 2020 : près de 1,6 million d’hectares de ce biotope humide et riche en espèces en ont été affectés. Les vents violents n’ont pas arrangé la situation, permettant aux brasiers de s’épandre et de menacer de destruction toute la forêt et ses créatures, notamment les plus lentes – les caïmans, les serpents et les tapirs notamment.

En août 2020, le RRF a donc accordé une aide d’urgence à l‘Instituto Homem Pantaneiro, l’une des principales organisations travaillant à la préservation du Pantanal. Elle est aujourd’hui l’un des acteurs incontournables pour la coordination de la lutte contre les incendies dans les zones humides au Brésil.

Parc national impénétrable de Bwindi (Ouganda)
Le parc national impénétrable de Bwindi, en Ouganda, abrite près de la moitié de l’espèce animale menacée la plus emblématique au monde: le gorille de montagne. Or il se trouve que le covid-19 présente une menace pour les gorilles, en raison de leur proximité génétique avec les humains. Outre le risque de transmission du virus de l’homme aux grands singes, ces derniers sont aussi menacés par la hausse des activités illégales dans le parc, conséquence de l’arrêt complet de l’économie du pays depuis le début de la pandémie.

RRF a donc apporté un financement d’urgence à l’Uganda Wildlife Authority, afin de permettre un contact aussi peu contaminant que possible avec les animaux. Cela comprend l’utilisation d‘équipements de protection individuelle pour le personnel interagissant directement avec les gorilles. En outre, bien que toutes les visites touristiques aient cessé, les fonds permettent également d’assurer une surveillance accrue de la santé des singes pendant la pandémie, afin de pouvoir rapidement leur venir en aide en cas de symptômes.

Forte de tous ces beaux projets, la Fondation Franz Weber est fière de pouvoir apporter son aide et son expertise pour toujours plus protéger la biodiversité de notre monde!

Le fonds d’intervention d’urgence (RRF)
Le RRF est un Fond d’intervention d’urgence dont la vocation est d’octroyer des subventions aux zones protégées en situation de crise. Ayant la capacité de débloquer sans délai jusqu’à 40 000 dollars, il est notamment utilisé pour venir en aide à la faune et à la flore des sites naturels inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette rapidité garanti son efficacité: en permettant aux acteurs sur le terrain d’agir sans avoir à effectuer de longues démarches administratives, le RRF est une ressource incontournable, permettant la survie à long terme des sites naturels et de leur biodiversité.
www.rapid-response.org

 

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