Les chutes du Giessbach et leurs environs sont classés monuments naturels cantonaux depuis 1950 et sont protégés. Grâce à la Fondation Giessbach au peuple suisse, l’Hôtel Giessbach et sa forêt sont devenus un bien culturel d’importance nationale. Avec ses sentiers de randonnée enchantés, sa végétation luxuriante et sa cascade tonitruante, la forêt qui enveloppe les rochers au-dessus du lac de Brienz est un véritable joyau écologique.
Nos forêts sont en grande partie entre – tenues et utilisées par le secteur fores – tier pour récolter du bois. Les forêts de notre pays sont actuellement soumises à une exploitation accrue, afin de satis – faire aux besoins en «bois énergie». Ce n’est pas le cas à Giessbach. La grande forêt est laissée à la nature depuis plus de 70 ans, ce qui est fort rare en Suisse. Aucune espèce étrangère et aucune monoculture n’y sont plantées, aucune récolteuse n’y est utilisée et aucun arbre n’est transporté hors de la forêt. Preuve en est: les arbres poussent na – turellement, le sol est sain, on y trouve une grande quantité de bois mort pré – cieux et l’écosystème fonctionne bien.
Une aura d’immortalité / Quand l’énergie de la forêt rencontre celle de l’eau
Comme l’Hôtel Giessbach, la forêt dégage une aura d’immortalité. Une forêt de conte de fées aux arbres ma jestueux, entourée d’une végétation exceptionnelle; une mousse délicate qui recouvre les rochers, des fougères rares qui bordent la pente. L’énergie de la forêt rencontre celle de l’eau des chutes du Giessbach, qui dégringolent sur un dénivelé de plus de 400 mètres, et celle du lac vert turquoise de Brienz d’une superficie de près de 30 km 2 . La beauté du lieu, le calme et l’air frais sont un plaisir pour l’esprit et l’âme, permettent de faire une pause et de se ressourcer.
Des arbres en bonne santé, sans intervention humaine
La forêt de Giessbach ne subit aucun abattage d’arbres à des fins économiques. Les interventions se limitent au strict nécessaire pour assurer la sécurité des personnes, des animaux et des biens: travaux d’entretien des arbres le long des sentiers et des parkings, du funiculaire, dans la zone de l’hôtel et le long des lignes électriques et, le cas échéant, installation de filets de sécurité contre les chutes de pierres. La protection dont bénéfice la forêt lui permet de poursuivre son processus de développement sans intervention humaine. Le sol est sain et vivant, peut stocker beaucoup d’eau, d’air et de carbone, et sèche moins. Les arbres germent, croissent, vieillissent, meurent naturellement, se décomposent et re – tournent à la terre. Le cycle de vie et de mort est visible partout. Ces proces – sus offrent à un grand nombre d’animaux, de champignons, de plantes et d’espèces lichéniques des habitats qui n’existent plus nulle part ailleurs.
Une défense naturelle contre le dé – périssement des pousses du frêne
La forêt de Giessbach est une forêt mixte naturelle caractérisée par le hêtre commun et d’autres espèces d’arbres indigènes telles que l’épicéa, l’érable, le tilleul, l’alisier hybride, le frêne, etc. Les frênes sont incroyable – ment pleins de vie, révèle Fabian Die et directeur de la société Baumpflege Dietrich GmbH, responsable de l’entretien des arbres de Giessbach. Les frênes de la forêt de Giessbach ont résisté au dépérissement des pousses du frêne, une maladie fongique qui a tué de nombreux frênes en Suisse. Une preuve supplémentaire qu’une forêt non perturbée est plus robuste et plus résiliente.
Importance des vieux arbres dans l’écosystème : gardiens de l’histoire et de la stabilité
Certains arbres de la forêt protégée ont plus de 150 ans, ce qui est rare, car les arbres des forêts exploitées sont généralement abattus avant l’âge de 100 ans. Les vieux arbres jouent plusieurs rôles cruciaux dans l’écosystème. Étant donné qu’ils ont subi de multiples changements climatiques, ils ont acquis la capacité d’y faire face et peuvent transmettre ces caractéristiques aux autres arbres de la forêt. Ils stockent davantage de carbone que les jeunes arbres et permettent à la région de bénéficier d’un microclimat stable et favorable, fournissent de l’ombre et de l’humidité.
Avec leurs racines puissantes et profondes, souvent aussi grandes que la cime des arbres, ils se connectent aux filaments fongiques souterrains pour former un réseau géant, également connu sous le nom de «Wood Wide Web», qui empêche l’érosion du sol et stocke les nutriments. Les grands arbres morts constituent d’importants réservoirs d’eau. On s’en aperçoit lorsqu’on s’assoit sur un gros tronc d’arbre mort et en décomposition; il est humide, même en période de sécheresse. Cela revêt une importance majeure, surtout pendant les périodes à risque d’incendie de forêt.
Pour la biodiversité et le climat
Lorsque les arbres plus âgés meurent, des décennies s’écoulent avant que les gros troncs ne pourrissent et ne disparaissent. Dans l’intervalle, sous forme de bois mort, ils constituent la base vitale de milliers d’espèces. Les arbres morts comptent parmi les habitats forestiers les plus riches en espèces et les plus importants. Près d’un quart de toutes les espèces vivant dans la forêt en dépendent: en Suisse, il s’agit de dizaines d’espèces d’oiseaux, de centaines d’espèces lichéniques, de milliers d’espèces de champignons et de coléoptères et de millions de micro-organismes.
Le bois mort crée de nouveaux habitats, et permet de stocker davantage de carbone dans la terre. Plus la forêt est ancienne, plus l’absorption de CO2 est élevée. Comme aucun arbre n’est abattu à Giessbach pour produire de l’énergie, le CO2 reste piégé dans les arbres et dans le sol, ce qui est aujourd’hui d’une importance cruciale. Ainsi, la forêt de Giessbach lutte également contre le changement climatique.
Giessbach abrite donc une forêt résiliente, des sols sains, une biodiversité protégée, et favorise le stockage de CO2 . Vera Weber poursuit ce que son père Franz Weber a commencé il y a 40 ans: la préservation de la forêt de Giessbach, un joyau unique.