Mercredi matin, le zoo de Bâle a indiqué avoir euthanasié son éléphant d’Afrique mâle, Tusker. L’éléphant était atteint de tuberculose – et d’autres animaux sont dé-sormais menacés, à cause d’une gestion défaillante. Pour la Fondation Franz Weber (FFW), il s’agit d’une preuve de plus que les éléphants doivent rester dans leur mi-lieu naturel.
Perte de poids, passivité, perte d’appétit – cela fait des mois que Tusker présente des symptômes de tuberculose. Mercredi matin, la direction du zoo de Bâle a indiqué l’avoir euthanasié, en raison de cette maladie. Beaucoup de questions demeurent toutefois ouvertes, notamment celles de savoir comment il a contracté la maladie, et pourquoi ce mâle n’était pas séparé de ses congénères (notamment de Heri, femelle actuellement portante), vu ses différents symptômes.
Comment a-t-il contracté lˈinfection ?
« Selon plusieurs études, la plupart des cas de tuberculose chez les éléphants sont dus à la forme humaine de la tuberculose (Mycobacterium tuberculosum) et sont donc transmis de l’homme à l’éléphant !», explique le Dr. David Perpiñan, vétérinaire et expert en médecine zoologique. Cela signifique, que cette maladie touche majoritairement des éléphants qui ont été en contact avec des humains – c’est-à-dire ceux qui sont gardés en captivité. Justement, Tusker avait été exposé à la tuberculose lors de sa détention précédente, ce qui avait retardé son transfert à Bâle, initialement prévu en 2017. Il n’est arrivé au « Zolli » qu’en 2021, finalement, le zoo voyant en ce nouvel arrivé un espoir pour leur programme de reproduction.
Vu le passé spécifique de Tusker, il aurait dû être isolé dès les premiers symptômes – le fait que le zoo de Bâle l’ait laissé interagir sans autre avec ses congénères dénote un grave manquement dans la gestion du zoo, compromettant notamment l’avenir de Heri, l’éléphante portante, et de son petit à naître. Dans ces conditions, il apparaît évident que le programme de reproduction du zoo ne devrait pas se poursuivre.
Les zoos doivent prendre leurs responsabilités
Pour Vera Weber, présidente de la FFW, ce nouveau décès ne fait que confirmer que les éléphants ne doivent pas vivre en captivité – et que la situation de ces animaux dans les zoos suisses n’est pas meilleure qu’ailleurs. « Il faut que les zoos prennent enfin leurs responsabilités », explique-t-elle. « A l’instar du zoo de Zürich, le « Zolli » tente de faire croire à un coup de malchance, mais il n’en est rien : ce décès, comme ceux de Zürich, est uniquement dû aux conditions de captivité, aux contacts avec les hommes et au fait que les besoins élémentaires des éléphants ne peuvent pas être satisfaits dans les zoos ».
Les zoos ne contribuent pas à la conservation des éléphants
Le programme de reproduction des éléphants des zoos européens, dont font partie les zoos de Zürich et de Bâle, est totalement infructueux, car la population d’éléphants en captivité est en baisse constante depuis longtemps. Le cas de Bâle est d’ailleurs particulièrement parlant : cela fait près de 70 ans que ce zoo détient des éléphants d’Afrique, et il ne peut se targuer que de 4 naissances – dont deux éléphanteaux mort-nés, les deux autres étant également décédés respectivement à 16 et 21 ans (un jeune âge pour les éléphants). Plus grave encore, les éléphants nés dans des zoos qui survivent… restent pour toujours dans les zoos, puisqu’ils ne peuvent pas réintroduits dans la nature.
« Le programme de reproduction des éléphants, tout comme la détention d’éléphants dans des zoos, ne fait strictement aucun sens et ne contribue pas à la protection de l’espèce », selon le Dr. Keith Lindsay, biologiste spécialiste des éléphants. D’ailleurs, pour le Groupe de spécialistes de l’éléphant d’Afrique de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), la captivité ex situ (dans les zoos) n’a par ailleurs aucun intérêt pour la conservation in situ (dans la nature) de l’espèce !
Le zoo de Bâle, comme ceux de Zürich et de Rapperswil, sont les seuls en Suisse à encore détenir des éléphants. Il est temps d’y renoncer.