L’épidémie de coronavirus qui vient de se déclarer en Suisse est directement liée au trafic d’espèces sur un marché de Wuhan, en Chine. Des animaux vivants et de la viande dite « de brousse » (issue d’animaux sauvage) y sont vendus dans de sordides conditions. Une interdiction permanente du commerce et de la consommation de ces « produits » éviterait des épidémies similaires à l’avenir, et protègerait les animaux sauvages de l’extinction.
De nombreux marchés, à travers le monde, présentent, sur leurs étals et dans les casseroles, des animaux à l’étroit dans leurs cages, souffrants, malades, mourants ou morts. Dans de tels marchés, les animaux de rente côtoient dangereusement des animaux sauvages. Des conditions d’incubation idéales pour une épidémie mortelle pour l’homme.
Les experts de la santé publique et les protecteurs des animaux s’accordent depuis des années sur les risques qu’implique le commerce d’animaux sauvages pour la biodiversité, le bien-être animal, et la santé humaine. Mais ne l’a-t-on pas cherché ? Les animaux sont transportés sans aucun égard à leur bien-être, maltraités, torturés, écorchés vifs et souvent mis à morts dans de terribles conditions. Leur exposition directe à d’autres animaux et aux humains dans des endroits très confinés et insalubres comporte un danger inhérent, et logique : celui de transmission de maladies zoonotiques aux hommes.
En l’occurrence, les experts, à l’instar d’Arnaud Fontanet de l’Institut Pasteur en France, pensent que le coronavirus a d’abord touché des chauve-souris. Celles-ci ont ensuite été mises en contact avec des mammifères retrouvés sur des marchés en Chine : en particulier, les pangolins, les mammifères les plus trafiqués au monde. Mardi dernier, la Côte d’Ivoire a brûlé trois tonnes d’écailles de pangolin – espèce en voie de disparition – importées illégalement, qui avaient été confisquées lors de d’opérations de police, en 2017 et 2018. Le commerce de pangolins a été interdit en 2016 par la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction). Toutefois, la valeur des écailles de pangolin, qui sont utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise, peut atteindre 1’000 $ le kilogramme sur le marché noir. Le sang de pangolin est utilisé comme prétendu remède miracle en médecine chinoise, et sa viande est considérée comme une délicatesse en Asie. Les maladies peuvent être transportées par de nombreuses espèce consommées par l’homme, notamment les singes, les serpents, etc. (rappelons que le virus Ebola avait été transmis à l’homme par la consommation de viande de primates et d’antilope !).
Parfaitement conscient de cette problématique, le gouvernement chinois a déclaré fin février une interdiction complète et urgente de tout commerce et toute consommation d’espèces sauvages sur son territoire.
Loin de ne concerner que la Chine, le trafic d’espèces atteint pratiquement tous les pays du monde. Le seul moyen d’éviter des épidémies similaires, et par la même occasion de protéger des centaines d’espèces de l’extinction, est d’interdire totalement et définitivement le commerce d’espèces sauvages.
A force de consommer des produits « de luxe » ou de médecine traditionnelle, issus de plantes ou d’animaux sauvages, nous avons créé une situation qui nous échappe et nous menace. Après des centaines d’années passées à mépriser la vie sauvage, elle finit par se retourner contre nous !