19.12.2022
Ambre Sanchez

Vent de tempête sur Equidad : nos bénévoles sur le front pour combattre les incendies

En Argentine, les feux de forêt font rage autour d’Equidad, notre sanctuaire. Plus que jamais, nos bénévoles sont sur tous les fronts : en plus de leurs tâches habituelles, ils combattent le brasier aux côtés des pompiers.

Si l’objectif, à court terme, est de sauver la forêt, il s’agit également, sur le plus long terme, de faire avorter les projets de déboisement des éleveurs qui favorisent les départs de feu.

Combat sur plusieurs fronts
Nos bénévoles ont beau être rompus aux conditions de vie extrêmes, ils ont dû faire face, le 3 octobre dernier, à une menace inattendue : le feu. Comme le rapporte Alejandra Garcia, la directrice du sanctuaire, un feu de forêt s’est en effet déclaré peu après minuit, à une quinzaine de kilomètres de la réserve. Très vite, en raison de fortes rafales de vent du nord, la fournaise devient incontrôlable. Il faut faire vite : la forêt autour du sanctuaire est une véritable réserve de biodiversité et d’essences rares, sa destruction serait une perte irréparable pour la région. Et si le vent tourne au sud, notre havre de paix et tous ses occupants se retrouveront dans l’oeil du cyclone. Alors, en pleine nuit, Alejandra et ses équipes rejoignent les forces vives mises à la disposition des pompiers, leur apportant des sachets de fruits et des bouteilles d’eau.

Sauver la forêt
« Malgré cette situation exceptionnelle, les animaux ont pu continuer à mener leur existence quotidienne habituelle », se réjouit la directrice d’Equidad. Faisant fi du surmenage et du danger, nos bénévoles ont assuré. La forêt, quant à elle, aura du mal à se remettre de cette catastrophe. Pour Vera Weber, présidente de la Fondation Franz Weber, si le pire a été évité, les dégâts sont hélas irréversibles. Pourtant, comme elle le souligne, « Notre mission n’est pas seulement de prendre soin de nos animaux, mais aussi de défendre la zone boisée qui entoure notre terrain de 312 hectares ». Sans forêt, il n’y aurait pas d’eau potable, pas de pluie, et la qualité de l’air se détériorerait. « Voilà pourquoi la protection de cette forêt fait partie de l’engagement auquel nous continuerons à nous consacrer sans relâche », clame la militante des droits des animaux.

Ecocide
Pour Vera Weber et Alejandra Garcia, l’essentiel désormais est de lutter contre la politique de défrichement des éleveurs. Certains d’entre eux, faute d’obtenir les autorisations nécessaires pour étendre leurs zones de pâturage, pratiquent la technique de la terre brûlée. A ce titre, les pompiers et le ministère de l’Environnement sont formels quant à la nature criminelle de l’incendie du 3 octobre. « Il s’agit d’un écocide, c’est-àdire d’un crime contre la nature et les lois du pays », s’emporte Vera Weber. Les autorités suspectent notamment les éleveurs du nord de Cordoue, étant donné leur volonté acharnée de défricher la surface forestière pour l’utiliser comme pâturage.

Lutter contre le déboisement
Alors que 97 pour cent de la forêt indigène d’origine de toute la province ont déjà été déboisés pour la production de soja génétiquement modifié et l’élevage de bétail, ce drame rappelle que le véritable enjeu local est la lutte contre le déboisement. Jusqu’à présent, seule la réserve forestière qui abrite le sanctuaire Equidad avait été épargnée. Ce dernier, classé « zone rouge », bénéficie d’une protection maximale. Ainsi, l’abattage des arbres et arbustes indigènes y est interdit dès lors qu’ils ont atteint une hauteur de 80 centimètres. Les producteurs et le gouvernement ont tenté à plusieurs reprises de modifier la législation forestière mais, s’étant heurtés à l’opposition de la société civile, d’universitaires et de scientifiques, ils ont dû faire machine arrière. Avec le concours des conditions climatiques qui, hélas, jouent en leur faveur, les éleveurs tentent donc de défricher par le feu pour obtenir ce qui leur a été refusé…

Niveau d’alerte jaune
Le premier jour du printemps il y avait de la neige, la semaine suivante les températures sont montées à 30 degrés, et depuis il n’y a pas eu de pluie », résume Alejandra Garcia. « À la fin de l’été, la pluie est devenue rare et le vent a commencé à assécher le paysage. » Le risque d’incendie de forêt le plus élevé possible est classé « alerte jaune » et – grâce aux efforts déployés par les bénévoles d’Equidad, par la Fondation Franz Weber et ses donateurs – son signal peut être entendu bien au-delà de l’Argentine.

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