06.04.2020
Fondation Franz Weber

#ParceQueNousMangeonsdesAnimaux: virus NIPAH (NiV)

Qu’est-ce que le Nipah ? Peu connu en Europe, ce virus, qui peut provoquer une encéphalite, a connu plusieurs flambées épiédmiques en Asie depuis 1998. L’élevage intensif de porcs s’est avéré être un facteur particulièrement important d’infection humaine. Afin d’enrayer la propagation du virus, un demi-million de porcs ont été abattus en Malaisie, par mesure de précaution.

 

Origine : Le Nipah est une maladie zoonotique, c’est à dire qui se transmet de l’animal à l’homme. On sait que l’hôte naturel du virus est la chauve-souris frugivore, qui appartient au genre Pteropus. Trois modes de transmission sont connus :

  • par l’intermédiaire de la sève de palmier dattier crue, contaminée par des sécrétions de chauves-souris infectées (Luby, Gurley et Hossain, 2012)
  • par contact direct de l’être humain avec des sécrétions de chauves-souris infectées (Montgomery et al. 2008)
  • par l’intermédiaire d’animaux domestiques. Une étude portant sur la flambée de Nipah en Malaisie a démontré que 92 % des patients avaient été en contact avec des porcs (Parashar et al., 2000), dont l’alimentation aurait pu être contaminée par des excréments de chauves-souris infectées (Looi et Chua, 2007). Dans le cas de la flambée au Bangladesh. Il existe des indices d’une transmission par l’intermédiaire de vaches (Hsu et al., 2004), porcs et chèvres (Luby, Gurley et Hossain, 2012).

Pays : Malaisie, Bangladesh et Inde (OMS).

Année/premiers cas : La première flambée connue s’est produite en Malaisie, entre 1998 et 1999 (où, depuis cette date, aucune nouvelle flambée n’a été signalée). En 2001, une nouvelle flambée a été identifiée au Bangladesh, et depuis, des flambées se produisent quasiment chaque année dans ce pays. La maladie a également été identifiée périodiquement dans l’est de l’Inde (OMS).

Létalité : Flambée en Malaisie 1998/1999 : 105 personnes (Looi et Chua, 2007). Flambée au Bangladesh 2001/2018 : 198 personnes (OMS). Flambée en Inde 2001/2018 : 62 personnes (OMS).

Symptômes : Les personnes infectées développent initialement des symptômes incluant de la fièvre, des maux de tête, des myalgies, des vomissements et des maux de gorge. Peuvent suivre des vertiges, de la somnolence, une altération de l’état de conscience et des signes neurologiques évocateurs d’une encéphalite aiguë. Certaines personnes peuvent également présenter une pneumonie atypique et des problèmes respiratoires sévères, y compris une insuffisance respiratoire aiguë. Une encéphalite et des convulsions surviennent dans les cas les plus sévères et évoluent vers le coma en 24 à 48 heures. Source : OMS

Quelques conséquences sociales et politiques :

D’après Singh et al., 2019, l’élevage d’animaux, qui constitue une source complémentaire de revenus dans de nombreux pays asiatiques, représente un facteur de prédisposition pour l’émergence de nouvelles zoonoses comme le Nipah (Bhatia et Narain, 2010). En outre, certaines études ont indiqué que l’émergence du Nipah s’explique par l’interaction entre des animaux sauvages (chauves-souris) et des animaux domestiques élevés dans des conditions intensives (Daszak et al., 2013).

La flambée épidémique s’est étendue à Singapour, mais elle a été rapidement contenue grâce à l’interdiction totale de l’importation de viande porcine en provenance de Malaisie. Au même moment, en Malaisie, le virus a entraîné l’abattage de plus d’un million de porcs et la destruction d’au moins la moitié des élevages dans la zone insulaire du pays (Steele, P, G. et al., 2006). La localisation socioéconomique et géographique de la létalité du virus explique que les efforts fournis pour développer un vaccin n’ont pas été similaires à ceux déployés en d’autres circonstances. Cette infection a exclusivement frappé un groupe spécifique de communautés pauvres, vivant dans une sorte de confinement rural, ce qui a compliqué les essais vaccinaux et a limité les incitations économiques à mener des recherches (Román, 2018).

L’élevage de porcs dans des fermes, principalement à Bikut Pelanduk, ne faisait pas appel à une main-d’œuvre qualifiée. Suite à la fermeture des fermes, ces travailleurs et leurs familles, dont la subsistance était liée à l’élevage de porcs depuis des générations, ont été confrontés, en très peu de temps, à l’« inutilité » de leur savoir-faire et à la détérioration de leur situation économique (Chi Wan, NG. et al., 2009).

L’impact économique le plus large de la flambée de Nipah en Malaisie en 1998 est estimé à 582 millions de dollars US. Les pertes ont touché les secteurs directement liés à l’industrie porcine (par exemple, l’approvisionnement en aliments pour animaux) et l’on estime que 36 000 personnes ont perdu leur emploi dans des secteurs variés (De Smith et al., 2019).

 

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