04.01.2014
Monica V. Biondo

Réagir avant qu’il ne soit trop tard: Le Fonds de Réponse Rapide

On fait appel à lui dans les situations d’urgence. Le Fonds de Réponse Rapide (Rapid Response Facility) ou RRF a été conçu pour apporter une réponse rapide
aux menaces pesant sur la biodiversité des sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le RRF apporte une aide et un financement immédiats dans des
situations de braconnage, déboisement, accident ou tout autre type d’urgence. Depuis janvier 2013, la Fondation Franz Weber (FFW) est partenaire du RRF.

Les derniers rhinocéros de Sumatra, les orangs-outans et les tigres en voie de disparition, les éléphants d’Asie très touchés ainsi qu’un grand nombre d’espèces de faune et de flore menacées, tous ont en commun de vivre dans les forêts tropicales de Sumatra. Certaines de ces espèces sont endémiques, c’est-à-dire qu’on ne les trouve pas ailleurs. Et toutes relèvent du Fonds de Réponse Rapide, un organe fondé par l’UNESCO pour intervenir rapidement et sans lourdeur administrative face à tout type de menace pesant sur l’environnement. Car ces forêts au sein desquelles on compte trois parcs nationaux font partie du patrimoine mondial de l’UNESCO. Quel rapport avec la Fondation Franz Weber ? Les trois exemples ci-dessous illustrent son rôle.

Or et argent
Pendant plus de trente ans, une unité spéciale de gardeschasses a combattu efficacement les braconniers dans les forêts protégées et alentour. En 2013, cette unité a été supprimée par le nouveau gouvernement de la province indonésienne d’Aceh, au nord-ouest de l’île de Sumatra, sans être remplacée.

Pour les animaux sauvages et la conservation des espèces, cette décision est une catastrophe lourde de conséquences. Plus que jamais, les
derniers cent à deux cents rhinocéros de Sumatra sont aujourd’hui menacés d’extinction. Sachant qu’un kilo de leur corne peut rapporter jusqu’à 50 000 dollars, on ne s’étonnera pas que les braconniers soient prêts à exterminer jusqu’au dernier rhinocéros. La valeur d’un animal augmente proportionnellement à sa raréfaction : il est donc urgent d’intervenir. Sans quoi, on ne trouvera bientôt plus le rhinocéros de Sumatra que sur Internet.

Plus grave encore, le gouvernement d’Aceh veut étendre l’industrie minière aux forêts jusqu’alors protégées, l’or étant nettement plus lucratif
que les réserves naturelles. L’an dernier, il a ainsi cédé 1,2 millions d’hectares de forêts, soit 12 000 km2 (près d’un tiers de la Suisse), pour l’exploitation de mines.

Réagir sans attendre
C’est là qu’intervient le RRF cofinancé par la Fondation Franz Weber. L’institution reçoit une demande concernant le financement de l’ancienne unité spéciale de gardeschasses pour une période transitoire de six mois, jusqu’à la constitution d’une nouvelle unité. La demande est accompagnée d’une présentation détaillée de la situation ainsi que de rapports d’experts de l’UICN (l’Union internationale pour la conservation de la nature) et de scientifiques présents sur le terrain. Les gardes-chasses seraient actuellement prêts à risquer leur vie, même sans salaire, pour protéger les rhinocéros de Sumatra des braconniers et les sauver de l’extinction. Le temps presse, comme chaque fois que le Fonds de Réponse Rapide reçoit une alerte.

Ainsi le 17 janvier 2013. Ce jour-là, le chasseur de mines américain USS Guardian s’échoue sur le récif de Tubbataha, aux Philippines, détruisant près de 4 000 m2 de récif corallien de ce paradis naturel protégé inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les États-Unis se déclarent prêts à assumer les dommages. Le RRF reçoit une demande concernant la prise en charge financière d’une expertise indépendante. Le Fonds de Réponse Rapide réagit sans attendre. Après vérification, il constate que l’administration dispose d’autres ressources pour le financement de cette évaluation. Le RRF peut donc se retirer de cette affaire.

L’aide de la Fondation Franz Weber
Cette capacité à débloquer immédiatement des sommes pouvant aller jusqu’à 30 000 dollars fait du RRF une institution tout à fait exceptionnelle. Son champ d’intervention : les situations d’urgence ou de catastrophe sur les sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO ainsi que d’autres présentant une grande biodiversité. Depuis 2005, le fonds a ainsi financé plus de trente projets, avec une période de réaction moyenne inférieure à une semaine. Peu d’organisations peuvent se targuer d’agir aussi vite, sans lourdeur administrative.

À l’origine, l’UNESCO avait créé une Fondation dont l’objectif était de financer le RRF jusqu’à l’autonomie de ce dernier. L’organisation britannique Fauna & Flora International est présente depuis les débuts du Fonds de Réponse Rapide. Spécialisée dans la protection de l’environnement et portée par des personnalités comme David Attenborough, l’ONG encadre depuis les années soixante plus de 140 projets de protection de l’environnement dans plus de quarante pays différents.

Cette Fondation de l’UNESCO est dissoute en 2012. C’est le moment pour la Fondation Franz Weber de s’engager aux côtés du RRF. Étant l’une des rares organisations internationales à œuvrer à la fois en faveur de la nature et du patrimoine culturel (avec Helvetia Nostra), la FFW était prédestinée à travailler avec l’UNESCO.

Un travail capital
En ce début 2013, les biologistes marins ont à peine eu le temps d’examiner les dégâts causés par le naufrage du chasseur de mines USS Guardian sur le récif corallien Tubbataha, aux Philippines, que déjà s’annonce la prochaine catastrophe. Celle-ci est emblématique de notre rapport au monde vivant dans son l’ensemble. Tout près du lieu où s’est échoué le navire militaire américain, un bateau de pêche chinois a éraflé les coraux, au cœur de ce site protégé, classé patrimoine mondial de l’humanité. Un accident lourd de conséquences. Pour dégager le chalutier, sa cargaison illégale est jetée par-dessus bord. Les personnes arrivées à la rescousse ont l’horrible surprise de découvrir dix tonnes de pangolins enfermés dans 400 caisses.

Pour ces petits mammifères recouverts d’écailles (appelés aussi fourmiliers écailleux), l’aide arrive trop tard. Ils ont été congelés et sont destinés à la consommation, leurs écailles étant vendues en Chine pour leurs prétendues vertus médicinales. Bien que ces mammifères insectivores soient protégés à l’échelle mondiale etleur commerce interdit, des dizaines de milliers d’entre eux sont chaque année
victimes du braconnage. Cette terrible découverte est la meilleure preuve, si besoin était, de l’importance du travail du Fonds de Réponse Rapide et du soutien qu’il convient de lui apporter.

 

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