Fusées, volcans, pétards et autres effets pyrotechniques sont souvent un cauchemar pour les passants, les petits enfants, les animaux et l’environnement. Les conséquences sont plus graves qu’on ne le pense. Une initiative visant à limiter les feux d’artifice vient d’être lancée.
«Le malheur des uns fait le bonheur des autres», ce vieil adage semble presque avoir été inventé spécialement pour la pyrotechnie. Allumettes, mèches, détonations, couleurs, lumière, fumée et «ah et oh». Le spectacle est vite terminé, mais c’est le début d’un drame pour d’autres. Les feux d’artifice peuvent être lourds de conséquences pour les animaux, la nature et les êtres humains. L’initiative «pour une limitation des feux d’artifice» a pour but de sensibiliser les gens à cette réalité et de trouver une manière sensée d’utiliser les fusées, les volcans, les pétards et autres effets pyrotechniques. «En fait, j’avais l’intention de lancer une initiative similaire il y a des années», se souvient Vera Weber. L’abondance de projets, à commencer par l’initiative sur les résidences secondaires, lui a sans cesse fait repousser cette action. «Lorsqu’un comité s’est constitué pour lancer une initiative visant à limiter les feux d’artifice, il a tout de suite été évident que nous en ferions partie», selon la présidente de la Fondation Franz Weber. La collecte des signatures a débuté le 3 mai dernier, et entre-temps un peu plus de 50’000 signatures ont été recueillies – les 50’000 restantes devraient être récoltées au plus tard le 3 novembre. Dans cette optique, la Fondation Franz Weber, en collaboration avec la Protection suisse des animaux, la Fondation «Quatre pattes» pour les droits de l’animal et d’autres organisations, entend informer la population sur les méfaits des feux d’artifice.
Le stress des animaux
Tous les propriétaires de chats, de chiens ou d’autres animaux savent l’effet des pétards sur les oreilles sensibles et l’état de leurs compagnons à quatre pattes. De nombreuses études internationales prouvent les effets nocifs des ondes sonores de forte intensité. Pris de panique, les animaux s’enfuient, leur santé peut être mise à mal, certains subissent des accidents voire meurent d’arrêt cardiaque. Nous le voyons chez nos animaux de compagnie, mais les animaux sauvages en souffrent également. Les feux du réveillon de la Saint-Sylvestre peuvent par exemple les sortir de leur hibernation. «Les feux d’artifice sont également un cauchemar pour les oiseaux», explique Vera Weber, qui se base sur des études réalisées sur le sujet. Contrairement aux orages, les détonations viennent en effet de nulle part et de tous les côtés, et la lumière générée artificiellement effraie l’avifaune.
Les quadrupèdes ne sont pas les seuls concernés
Ce qui est vrai pour les animaux l’est aussi pour certains êtres humains. Les personnes souffrant de troubles anxieux, de ligyrophobie (peur des bruits forts), d’autisme et d’autres afflictions sont véritablement sensibles aux ondes acoustiques. Même certains voisins ou passants peuvent être surpris par ces bruits, d’ailleurs, tout comme les petits enfants, qui craignent généralement les bruits et lumières générés par les feux d’artifice, quand bien même l’on prétend le contraire. Cette peur est tout à fait justifiée, car les signalements de brûlures, d’accidents, de dommages auditifs et d’incendies font partie des tristes lendemains des feux d’artifice.
C’est la dose qui fait la différence
La question se pose vraiment de savoir si le bref moment de joie est proportionné aux effets indésirables des feux d’artifice. «D’autant plus qu’en Suisse, les feux d’artifice ne sont pas seulement tirés le 1er août, mais aussi les jours d’avant ou d’après.» Allumer des feux d’artifice est également devenu courant à la Saint-Sylvestre ou à l’occasion de fêtes et d’événements. Les appels à la modération n’ont tout simplement rien donné. Les moyens financiers des particuliers permettent l’achat de feux d’artifice, qui sont souvent achetés et utilisés de manière irréfléchie, sans réelle tradition pour le réveillon de la Saint-Sylvestre, les fêtes et les événements. «Pour cette raison, il est non seulement judicieux, mais également urgent de réglementer l’utilisation de la pyrotechnie», précise Vera Weber.
Nouvelles découvertes
La pyrotechnie fait appel à de nombreuses substances chimiques qui provoquent les explosions. Ainsi, de grandes quantités d’émissions de CO2 sont générées par les feux d’artifice. Les ensembles brillants contiennent en outre des combustibles métalliques et souvent même des métaux lourds. En fait, les feux d’artifice sont à l’origine d’environ 2% des émissions de particules fines en Suisse. Les 320 tonnes de ces particules émises chaque année contiennent des suies cancérigènes et nocives pour le climat. Il n’est plus possible de se voiler la face lors des demandes de feux d’artifice en Suisse. C’est pourquoi non seulement des restrictions s’imposent, mais aussi des alternatives avec des lasers et des drones. Plaisir de la fête des uns ne doit pas nécessairement aller de pair avec la souffrance des autres.
Que demande l’initiative populaire « Pour une limitation des feux d’artifice » ? L’initiative propose d’ajouter un nouvel article 74a dans la Constitution fédéral, spécifiquement sur les feux d’artifice. Cette nouvelle disposition interdira la vente et l’utilisation de pièces d’artifice qui causent du bruit. Pour les évènements d’importance suprarégionale, l’autorité cantonale compétente pourra, sur demande, accorder des autorisations exceptionnelles. L’exécution des dispositions fédérales incombera aux cantons dans la mesure où elle n’est pas réservée à la Confédération. L’initiative demande également l’inclusion dans la Constitution d’un nouvel art. 197 ch. 13 soit une disposition transitoire selon laquelle la loi entrera en vigueur deux ans au plus tard après l’acceptation dudit article par le peuple et les cantons. |
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