29.08.2020
Rebekka Gammenthaler

Le harle bièvre : une population alpine unique en danger

Les harles bièvres suisses font partie d’une population nicheuse qui se distingue des populations que l’on rencontre en Sibérie, en Scandinavie et en Amérique du Nord et qui diffère génétiquement de celle qui niche sur le versant nord des Préalpes. Notre pays est donc essentiel à leur protection.

Près de la moitié des populations nicheuses des Préalpes du Nord (600 à 800 couples nicheurs) vit au bord des lacs et des grands cours d’eau du Plateau suisse et du Tessin, ainsi que dans certaines vallées alpines jusqu’à 600 mètres au-dessus de la mer. Cet oiseau piscivore a une prédilection pour les poissons blancs et se nourrit également d’ombres, de féras et de perches pouvant atteindre jusqu’à 10 cm. Le harle bièvre figure sur la liste des espèces protégées de l’annexe 3 de la Convention de Berne*.

Comment le harle bièvre est-il protégé par la loi actuelle ?
Selon l’art. 5, al. 1 de l’actuelle Loi sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP), le harle bièvre est considéré comme une espèce protégée, c’est-à-dire ne pouvant pas être chassée. Selon l’art. 7, al. 2 et l’art. 12, al. 4 de la LChP, une régulation de la population est possible à titre exceptionnel, avec l’assentiment de la Confédération, si le harle bièvre « porte atteinte à son biotope ou cause des dégâts importants ». En outre, l’art. 12, al. 2 de la LChP autorise les cantons à abattre certains oiseaux s’ils occasionnent des dégâts importants.

On reproche au harle bièvre d’être responsable d’une baisse des effectifs de poissons des rivières et du rendement de la pêche professionnelle et récréative, bien que rien ne vienne étayer ces accusations. En réalité, nos populations de poissons indigènes souffrent bien davantage du bétonnage des rives des cours d’eau, de l’exploitation de la force hydraulique, des pesticides et du réchauffement climatique.

Jusqu’en 2015, sous la pression des milieux de la pêche, jusqu’à 50 harles bièvres étaient abattus chaque année en tant qu’« animaux nuisibles » au sens de l’art. 12 de la LChP ‒ et cela sans qu’aucun dégât causé n’ait pu être démontré de manière suffisante et sans que les cantons n’aient jamais délivré une autorisation en bonne et due forme. Assimilables à une régulation de la population, ces tirs auraient dû être approuvés par la Confédération. Par le passé, le canton de Berne a même fait abattre de façon illégale des harles bièvres dans une réserve d’oiseaux d’eau d’importance nationale au bord du lac de Thoune.

Que changerait la nouvelle loi pour la protection du harle bièvre ?
Le harle bièvre demeurerait une espèce protégée (c’est-à-dire qu’il est interdit de la chasser), mais le Conseil fédéral pourrait l’inscrire à tout moment sur la liste des espèces dont la régulation est autorisée, sans avoir à consulter le Parlement ou le peuple. Une pression politique s’exerce d’ores et déjà pour que le harle bièvre figure sur cette liste. La majorité de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie (UREK) du Conseil national souhaite que cette espèce d’oiseaux soit régulée. Il est donc très probable qu’avec la nouvelle LChP le harle bièvre vienne bientôt agrandir cette «liste d’abattage » ; il pourrait alors devenir « quasi chassable », chaque canton étant libre de décider s’il souhaite faire abattre cet oiseau protégé et cela sans avoir à prouver qu’il ait causé le moindre dommage . Dans ce cas, la Suisse faillirait à sa responsabilité vis-à-vis de la protection de la population alpine.

Par conséquent : votez NON à la révision de la LChP le 27 septembre 2020 !

Source : fiche d‘information sur le harle bièvre de l’association « Loi sur la chasse NON »

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