22.07.2020
Julia Fischer

Révision de la loi sur la chasse : les animaux sauvages suisses bientôt tirés à bout portant

Le destin des animaux sauvages en Suisse va se décider ce 27 septembre. Jour du vote sur la révision de la loi sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP). Les partisans de la révision – en premier lieu les associations de chasseurs et de paysans – tentent de promouvoir la nouvelle loi en prétextant la protection des espèces. Les modifications prévues sont un véritable camouflet pour tous les amis des animaux – elles ne sont que des affaiblissements de la LChP. Pour nous, il est clair que seul le «NON» à la révision de la LChP peut réellement protéger les animaux sauvages en Suisse.

Les routes et les lotissements que nous construisons, les forêts que nous déboisons, l’agriculture intensive que nous pratiquons à grand renfort de machines et de pesticides – quelle place laisse-t-on encore aux animaux sauvages, farouches et sensibles? Les interventions multiples et lourdes de conséquences de l’homme dans la nature rendent particulièrement difficile, pour beaucoup d’espèces, de simplement trouver des espaces vitaux appropriés. C’est pourquoi l‘on s’efforce depuis de nombreuses années d’en réintroduire certaines qui sont considérées depuis longtemps comme disparues en Suisse.

Transfert de compétences vers les cantons
La révision de la loi menace de réduire à néant ces efforts: elle autoriserait les cantons à réguler euxmêmes les espèces protégées – sans devoir obtenir l’accord de la Confédération et sans devoir apporter la moindre preuve que ces animaux ont causé des dommages. La simple hypothèse qu’ils pourraient un jour être à l’origine de dommages suffirait pour avoir le droit de les abattre.

Une amputation éhontée du droit de recours
Parmi les autres amendements scandaleux qui doivent être inclus à la loi sur la chasse révisée figure l’abrogation du droit de recours des associations de défense de l’environnement. Elles n’auraient plus aucune possibilité de déposer plainte contre les dispositions cantonales concernant des animaux chassables ni de se faire l’avocat des animaux pour les protéger des abattages et des massacres illégaux. Des exemples comme celui du cormoran montrent à quel point la pression exercée par des groupes d’intérêts spécifiques peut mener à des décisions erronées lourdes de conséquences. Le droit de recours permettait jusqu’à présent aux organisations de défense de l’environnement comme la FFW et Helvetia Nostra d’éviter les échauffourées coupables. L’élimination de ce droit dans la loi sur la chasse et les autres amendements prévus risquent d’être fatals à de nombreuses espèces animales, comme en attestent les exemples suivants.

Le lièvre variable : sous la menace de l`homme et du changment climatique
Le changement climatique met de nombreuses espèces animales et végétales à rude épreuve – et pas seulement dans les pays lointains. Le lièvre variable, qui vit et se déplace à des altitudes de 1000 à 1500 mètres au-dessus du niveau de la mer, est l’un des grands perdants en Suisse. Les espaces vitaux qui lui restent ne sont pas seulement de plus en plus réduits, mais aussi de plus en plus morcelés. La fonte précoce des neiges pourrait aussi se traduire par un retard dans le passage du pelage d’hiver blanc au pelage d’été brun, ce qui ferait des lièvres une proie facile pour leurs prédateurs. Par ailleurs, nous savons que ces animaux sensibles au moindre dérangement souffrent des activités de loisirs hivernales de l’homme. La révision de la loi ne changerait rien à la protection du lièvre variable, au contraire: leur chasse resterait autorisée, soumettant l’espèce à une pression encore plus forte. De plus, les associations de défense de l’environnement ne pourraient plus attaquer les dispositions cantonales.
Au nom du principe de précaution, nous aurions dû depuis longtemps libérer le lièvre de toute pression inutile par une mise sous protection adéquate, au lieu de laisser les chasseurs le décimer. Près de 1000 lièvres variables sont encore abattus chaque année en Suisse.

La loutre d`europe : dans la ligne de mire despêcheurs
Tous ceux qui ont déjà vu une loutre sauvage dans la nature suisse peuvent s’estimer plus que chanceux. En effet, l’espèce – stigmatisée par les pêcheurs en tant que parasite et longtemps chassée pour son pelage – n’est plus présente que de manière éparse dans toute l’Europe centrale. Grâce aux efforts entrepris pour sa protection, elle réapparaît aujourd’hui timidement dans des zones où elle était autrefois courante en Suisse. Aujourd’hui, dans le cas où une loutre causait un dommage important – ce qui est en soi très peu probable–, la population peut déjà être régulée., mais uniquement sur décision fédérale. Avec la révision de la loi sur la chasse, la loutre d’Europe resterait officiellement protégée, et donc en principe non chassable, mais le Conseil fédéral pourrait à tout moment l’inscrire sur la liste des espèces dont la chasse est autorisée et transférer ainsi aux cantons la décision d’autoriser l’abattage, sans demander l’avis du parlement ou des électeurs. Cela signifie que les loutres pourraient à l’avenir être décimées «à titre préventif» sur le seul ordre des cantons, sans qu’elles n’aient jamais causé le moindre dégât, notamment dans les régions d’élevage piscicole ou de pêche. Pour la seule et unique raison qu’elles pourraient trouver une source de nourriture potentielle auprès des poissons élevés par l’homme, dans leur habitat. La révision de la LChP ne tarderait donc pas à réduire à néant tous les efforts laborieux de réintroduction des loutres.

L’ours brun : à peine revenu, déjà indésirable
Le dernier ours brun suisse a été tué en 1904. Il faudra attendre qu’ils soient protégés en Italie pour voir en 2005, plus d’un siècle après, un ours brun oser à nouveau franchir la frontière suisse. Depuis, des sujets isolés – pour la plupart de jeunes mâles – ont gagné les Grisons, puis la Suisse centrale et le Valais. L’espèce reste menacée d’extinction dans les Alpes – d’où la joie des amis des animaux et de la nature face au retour progressif des ours en Suisse. Mais ce retour n’a pas fait plaisir à tout le monde. Au contraire – la peur des «attaques» n’a pas tardé à être attisée dans les régions parcourues par les ours. C’est ainsi qu’en mars 2013, en vertu de la législation actuellement en vigueur, l’ours «M13» a été abattu à Poschiavo sans qu’il n’ait jamais fait preuve d’agressivité envers les hommes et sans qu’aucune mesure de prévention ou d’éloignement adéquate n’ait été prise au préalable.

Révision vs gestion des ours 
La révision de la LChP donnerait sans doute rapidement lieu à de nouveaux abattages d’ours bruns: l’espèce resterait, certes, protégée, et donc non chassable régulièrement, mais le Conseil fédéral pourrait aussi à tout moment – sans aucun droit de regard des électeurs ou du parlement – l’inscrire sur la liste des espèces dont la chasse est autorisée, et donc valider les tirs d’ours. Les cantons pourraient alors décider eux-mêmes quels individus abattre – y compris des jeunes, si jamais les premiers ours recommençaient à se reproduire en Suisse. Cela signifierait la fin des ours en Suisse, avant même que l’espèce n’ait eu une véritable chance de prendre un nouveau départ. Pour la gestion des ours au niveau international également, seul moyen de préserver l’espèce à long terme, la protection inconditionnelle de l’ours brun sur le sol suisse est indispensable.

Pour un «Non» imo des ami des animauy le 27 septembre 2020
Les cas du lièvre variable, de la loutre d’Europe et de l’ours brun montrent de manière exemplaire comment la révision de la loi sur la chasse tuerait dans l’oeuf tous les efforts de protection des espèces. Les espèces officiellement protégées en suisse sont les loups, lynx, castors, lièvres des champs, bécasses des bois, lagopèdes alpins et bien d’autres espèces… toutes vont se trouver dans le collimateur des chasseurs. La Fondation Franz Weber (FFW) et d’autres organisations de défense de l’environnement ont, heureusement, mené avec succès une collecte de signatures pour le référendum contre la révision de la loi sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP), qui a permis de recueillir plus de 65 000 signatures en un temps record. Ce sont donc les électeurs suisses qui auront le dernier mot, le 27 septembre 2020, et décideront l’avenir de la chasse en Suisse.

C’est pourquoi nous comptons sur votre soutien actif lors de cette votation. Informez votre famille, vos amis et vos connaissances sur les affaiblissements de la législation que prévoit la révision de la loi sur la chasse et contribuez à préserver les ours bruns, lièvres, loutres d’Europe et bien d’autres animaux sauvages menacés d’absurdes tirs «préventifs»: Le 27 septembre 2020, votez non à la révision de la loi sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP)!

 

Vers la Site porject de la FFW sur la révision de la loi sur la chasse

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