Victoire! Au Portugal, les mineurs de moins de 16 ans ne pourrontcdésormais plus assister ni aux corridas ni aux spectacles tauromachiques Pour la FFW, qui depuis près de 10 ans milite pour protéger les enfants de la barbarie taurine via le Comité des droits de l’enfant de l’ONU, c’est un pas de plus vers l’abolition. En tarissant le renouvellement des aficionados à sa source, nous luttons à la racine du problème: nous empêchons la transmission de la tradition taurine aux plus vulnérables, ce qui, à terme, nous permettra, nous l’espérons, de sauver les taureaux.
Un grand pas en avant
Voilà une nouvelle qui, en ces temps moroses, nous met du baume au coeur. Après des années de lutte acharnée contre le lobby tauromachique, nous sommes enfin parvenus à faire entendre raison à Lisbonne: le Conseil des ministres portugais a approuvé un décret-loi par lequel il modifie la classification de l’âge pour assister aux spectacles taurins. Il devrait être publié au Journal officiel prochainement et entrera en vigueur immédiatement. Désormais, seules les personnes âgées de plus de 16 ans seront autorisées à assister aux corridas et autres événements taurins.
Consécration
Pour la Fondation Franz Weber, qui milite depuis des années pour protéger les enfants et les taureaux, cette interdiction est une double victoire: symbolique et pratique. Symbolique, car cela entérine la reconnaissance de la tauromachie comme une pratique malsaine et néfaste pour les enfants; pratique, car cela va compliquer la vie des taurins, qui ne pourront plus faire de propagande envers les jeunes. Loin d’être fortuite, cette victoire est le fruit d’un travail de longue haleine de nos équipes à travers le monde: depuis 2013, la Fondation Franz Weber oeuvre, à travers la campagne «Enfance sans violence», à protéger les enfants de la brutalité des spectacles taurins. Nous n’en sommes pas à notre coup d’essai: à neuf reprises, notre demande a été entendue par le Comité des droits de l’enfant des Nations unies, qui, depuis, a émis des recommandations et adressé des demandes aux pays où la tauromachie subsiste encore.
Rapports
Grâce à nos rapports dont il s’est instruit, le Comité des droits de l’enfant considère en effet que l’exposition des enfants à la violence de la corrida constitue une violation de la Convention de 1989 relative aux droits de l’enfant, ce qui inclut la corrida dans le chapitre sur la «violence contre les enfants». En effet, en 2018, la FFW présentait un rapport complet lourd d’informations recueillies sur plusieurs années concernant les mineurs et la tauromachie. La Fondation a, de fait, renforcé la précédente déclaration du Comité adressée au Portugal en 2014, où pour la première fois, la corrida était considérée comme nuisible pour les enfants et les jeunes par le Comité de l’ONU.
«Enfance sans violence»
Au Portugal, ce décret-loi est ainsi le résultat du travail réalisé dans le cadre de la campagne «Enfance sans violence» de la Fondation Franz Weber, mise en oeuvre par notre partenaire local, la Plataforma Basta. La lutte fut longue pour en arriver là: dans ce pays du sud de l’Europe où la tradition taurine est fortement ancrée, la question des mineurs et de la corrida fait l’objet de débats parlementaires houleux depuis 2014. De fait, cette victoire est aussi celle de la société portugaise et de la mobilisation politique: pour le parti Peuple-Animal-Nature (PAN), qui lors des élections nationales de 2019 a porté sa représentation parlementaire à 4 députés, ce décret est une «victoire très importante».
La lutte continue
Si nous nous félicitons de cette avancée, nous ne sommes pas dupes : les victoires politiques sont toujours fragiles face à la pugnacité et à la férocité du lobby taurin. Certes, la corrida est de plus en plus pointée du doigt, y compris dans les pays dits taurins. En outre, grâce à notre travail, la tauromachie n’est désormais plus seulement une affaire «d’animalistes écolos»: elle est considérée comme une violence, dont la promotion viole les droits de l’Homme. De fait, s’il est légitime de célébrer la sagesse dont Lisbonne a fait preuve, nous restons vigilants. Tout d’abord, car ce décret–loi est incomplet: initialement, la recommandation du Comité des droits de l’Enfant était d’interdire l’accès aux corridas à tous les mineurs, et pas seulement aux moins de seize ans…Ainsi, si nous apprécions le fait que nos campagnes portent leurs fruits, nous demeurons prudents et mobilisés. La lutte pour une abolition totale de la corrida est encore longue et semée d’embûches. Comme nous l’avons vu en Catalogne, où la corrida est de nouveau légale après avoir été abolie grâce à nos interventions, nous ne pourrons véritablement nous reposer sur nos lauriers que quand plus aucun taureau ne rentrera dans l’arène.