11.03.2020
Rebekka Gammenthaler

Loutres en Suisse : déjà sur le départ ?

Le 17 mai 2020, le peuple suisse votera sur la proposition de révision de Loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP). Celle-ci met en danger les tentatives de réintroduction des loutres en Suisse.

En Suisse, il faut beaucoup de chance pour apercevoir une loutre. Cette espèce est rare dans toute l’Europe centrale. En effet, les loutres ont longtemps été considérées comme des animaux nuisibles par les pêcheurs, et étaient chassées pour leur fourrure. L’espèce a par ailleurs gravement souffert de la pollution de l’environnement, tout particulièrement des cours d’eau. Grâce à des efforts de protection, la loutre revient lentement dans les habitats suisses, qui étaient autrefois les siens.

La loi actuelle protège-t-elle les loutres ?
L’actuelle Loi fédérale sur la chasse (LChP) protège les loutres en tant qu’animaux dont la chasse est interdite. Une exception à cette interdiction est prévue lorsque les loutres mettent en péril leur habitat ou provoquent des dommages importants (art. 7 al. 2 et art. 12 al. 4 LChP). Les cas d’application de dite exception sont très peu vraisemblables.
En outre, le Conseil fédéral – et non les Cantons – peuvent prendre des mesures à l’encontre d’animaux individuels en vertu de l’art. 10 al. 4 de l’Ordonnance sur la chasse (OchP), lorsque ceux-ci occasionnent des dommages considérables. La Confédération prend alors à sa charge 50% de l’ensemble du dommage provoqué par les loutres.

Qu’est-ce qui changerait dans la nouvelle loi ?
La révision de la loi proposée protégerait toujours les loutres, puisqu’elles continueraient à bénéficier d’une interdiction de chasse, mais le Conseil fédéral pourrait à tout moment – sans consulter la population ou le Parlement – ajouter la loutre à la liste des espèces pouvant être chassées, et ainsi permettre leur tir. Pire encore : la révision accorderait aux cantons la compétence de rendre des décisions de tirs.
Au vu des débats parlementaires qui ont eu lieu dans le cadre de la révision de la LChP, l’on peut partir du principe que les loutres seraient rapidement incluses sur la liste des espèces pouvant être chassées. Ainsi, des familles entières de loutres – par exemple dans les régions de pisciculture ou d’étangs de pêche – pourraient être tuées sur simple décision préalable des cantons, sans même qu’elles n’aient occasionné de dommage. Cela seulement parce que les hommes élèvent des poissons dans leur habitat et qu’elles pourraient s’en nourrir !
La Fondation Franz Weber avertit que si le Conseil fédéral devait placer la loutre sur la liste des espèces pouvant être chassées, sur pression de certains milieux politiques et de certains groupes d’intérêts, les efforts de réintroduction de ces animaux risquent d’être annihilés. Pour cette raison : votez NON à la révision de la LChP le 17 mai 2020 !

Source : fiche explicative de l’association «Jagdgesetz NEIN»

 

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