29.08.2020
Rebekka Gammenthaler

Tétras lyre : victime de la chasse sportive

Le tétras lyre figure sur la liste de l’annexe 3 de la Convention de Berne*– c’est-à-dire qu’il s’agit d’une espèce protégée. Cet animal est considéré en Suisse comme potentiellement menacé et comme une espèce prioritaire pour les mesures de conservation des espèces.

Actuellement, environ 12 000 à 16 000 coqs noirs vivent dans les Alpes et Préalpes suisses. Leur habitat se situe à une altitude comprise entre 1200 et 2500 mètres au-dessus de la mer.

Comment le tétras lyre est-il protégé par la loi actuelle ?
Selon l’art. 5, al. 1 de l’actuelle Loi sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages (LChP), le mâle – le coq – peut continuer à être chassé, bien qu’appartenant à une espèce protégée. Chaque année, 400 à 500 coqs sont ainsi victimes de la chasse, dont 200 dans le seul canton du Valais. La chasse au tétras lyre est une activité purement sportive et récréative, car une régulation de l’espèce n’est nullement nécessaire. En 2016, l’exécutif du canton du Valais – le canton qui enregistre le plus grand nombre de coqs abattus – a communiqué au Grand Conseil que la chasse aux tétraonidés (lagopède alpin et tétras lyre) rapportait au canton près de 75 000 CHF par an, en particulier grâce à des amateurs de chasse au gros gibier étrangers.

Que changerait la nouvelle loi en ce qui concerne la protection du tétras lyre ?
La révision législative proposée ne changerait rien pour le tétras lyre potentiellement menacé. Elle offrait une occasion de protéger l’espèce, mais elle n’a pas été saisie. Dans le cadre de la révision de la loi, on aurait dû clarifier par des analyses fondées l’influence de la chasse sur la population des tétras lyres et examiner sérieusement les implications concrètes d’un statut de protection pour l’espèce.

En effet, le tétras lyre est de plus en plus perturbé par les activités de loisirs (randonnée à ski et en raquettes, parapente, etc.) et souffre de la perte de son habitat (colonisation de ses zones de repli par les infrastructures touristiques, disparition de l’agriculture alpine traditionnelle, hausse de la limite des arbres due au réchauffement climatique). En Valais, seulement à peine un quart de la zone d’hivernage de cet oiseau n’est pas affectée par la pratique des sports d’hiver. En outre, les données de l’Office de la chasse et de la pêche du canton du Tessin montrent que l’accroissement de la mortalité des coqs due à la chasse entraîne un déséquilibre dans la répartition des sexes.

Pour l’ensemble des tétras lyres, la chasse constitue une perturbation supplémentaire, d’autant plus lorsqu’elle se déroule dans des régions généralement peu fréquentées, souvent en compagnie de chiens en liberté. Même si la chasse n’est pas le principal danger qui guette le tétras lyre, elle ne se justifie absolument pas concernant une espèce potentiellement menacée et peut réduire à néant les efforts déployés pour mettre en œuvre des mesures de protection (p. ex. dans les zones de tranquillité pour la faune). Les organisations de protection de la nature demandent donc depuis longtemps déjà l’interdiction de la chasse au tétras lyre.

Par conséquent : votez NON à la révision de la LChP le 27 septembre 2020 !

Source : fiche d’information sur le tétras lyre de l’association « Loi sur la chasse NON »

*La Convention de Berne – l’accord officiel sur la conservation de la flore et de la faune sauvages d’Europe et de leurs habitats naturels – est un traité international du Conseil de l’Europe datant de 1979, qui réglemente la protection des animaux et des plantes sauvages d’Europe. 46 États européens et 4 États africains (sur le territoire desquels se trouvent des zones d’hivernage d’espèces d’oiseaux européennes) et l’Union européenne (UE) en tant qu’organisation internationale sont membres de la Convention.

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