La FFW a fait fort: en seulement quelques mois, elle est sortie victorieuse de trois contentieux sur trois fronts différents. A Berne tout d’abord, où la BLS a enfin renoncé à saccager le paysage du Chliforst; à Zurich, où un projet délirant de téléphérique au-dessus du lac a été abandonné et enfin à Tenniken (BL), où le Chilchacher restera une prairie naturelle!
La vallée de Gäbelbach, dont fait partie «Chliforst Nord», est une zone de loisirs pittoresque située dans la commune de Berne. Cette région est précieuse, tant d’un point de vue écologique que paysager. Avec son ruisseau sinueux, ses haies, ses forêts et ses petits champs, elle abrite une biodiversité remarquable en termes de faune et de flore, et notamment plusieurs espèces rares et en voie de disparition. Ce poumon vert unique en son genre était gravement menacé: la BLS avait prévu d’y construire un gigantesque atelier ferroviaire destiné au nettoyage de ses trains qui devait fonctionner 24 heures sur 24.
Une ampagne à fort impact médiatique
Si ce projet avait abouti, plus de 100 000 mètres carrés de forêts et de prairies où vivent de nombreuses espèces auraient été sacrifiés. Mais c’était sans compter la Fondation Franz Weber et Helvetia Nostra: une puissante campagne médiatique et d’affichage dénonçant un «crime programmé contre la nature dans le Chliforst» a finalement eu raison de la détermination de la BLS. Il était temps! Nos équipes étaient prêtes à saisir le Tribunal fédéral…
«Le projet d’ateliers de la BLS à Chliforst appartient au passé»
Les pelleteuses n’ont pas eu le temps d’intervenir que le projet était déjà tué dans l’oeuf. «Le fait que la BLS veuille maintenant bâtir ses ateliers sur une surface déjà construite au lieu d’un espace vert de plus de 100 000 mètres carrés souligne l’effet positif de notre engagement pour la protection de notre nature et de notre paysage», se réjouit Vera Weber, présidente de la FFW. «C’est une forte impulsion à changer de mentalité. On devrait toujours donner la priorité aux sols déjà construits afin de protéger notre nature suisse précieuse et limitée» ajoute-t-elle.
Pas de construction à Tenniken
Au Chilchacher, à Tenniken (BL), 11 000 mètres carrés de prairie naturelle étaient aussi menacés par un gros projet immobilier. La fondation Kirchengut, propriétaire du terrain, avait annoncé à l’été 2018 qu’elle voulait vendre à un investisseur immobilier, en droit de superficie, la prairie jouxtant le cimetière de Tenniken (BL) – le Chilchacher. Problème: au lieu de densifier vers l’intérieur, comme le préconisait le plan directeur communal, cet investisseur prévoyait de construire une superstructure. Cela aurait signifié la perte irrémédiable du plus grand espace de loisirs du village! En outre, il aurait fallu déplacer un ruisseau, ce qui aurait profondément modifié la topographie de la région.
Le Chilchacher restera un espace de loisirs
Fort heureusement, l’annonce de ce projet a suscité une résistance farouche au sein de la commune, qui s’est tout de suite tournée vers la Fondation Franz Weber pour l’appeler à la rescousse. Il faut dire qu’en 2018, Vera Weber s’était déjà exprimée contre ce projet lors d’une manifestation. «L’homme a besoin de lieux d’agrément situés près de chez lui pour recharger ses batteries. Les sens ont besoin de beauté et de paix pour que l’âme puisse se reposer du stress quotidien, du bruit, des gaz d’échappement et du béton. Les plantes et les animaux ont besoin de la nature pour survivre. Les habitants et habitantes de Tenniken ont besoin d’un lieu d’agrément, d’un espace vital au sein du village. Le Chilchacher est une merveilleuse oasis pour les hommes et le monde environnant, et il faut le protéger» avait-elle déclaré.
Soutien juridique
La FFW ne s’est pas contentée de faire un beau discours: elle a apporté un soutien juridique sans faille au comité de protection du Chilchacher. Cette mobilisation collective a porté ses fruits: elle a permis d’empêcher, à la quasi-unanimité, que soit érigée une superstructure sur le Chilchacher. «Cette décision de préserver une oasis de verdure est un signal fort pour d’autres endroits», se félicite Vera Weber.
Pas de Téléphérique sur le lac
A Zurich, la Fondation Franz Weber a apporté son aide à l’association locale «IG Seebecken Seilbahnfrei» pour empêcher un projet qui aurait défiguré le paysage du fameux lac et de ses environs. En effet, à l’occasion de son 150e anniversaire, la Banque cantonale zurichoise voulait faire construire un téléphérique entre Wollishofen et Seefeld. Ce téléphérique devait être un «cadeau à la population», qui, précisons-le, n’avait pas été consultée. Si le projet avait été réalisé, les promeneurs du Blatterwiese et les adeptes de la plage du Mythenquai se seraient retrouvés avec deux pylônes de 88 mètres de haut sous le nez, qui leur aurait gâché la vue sur le lac et les Alpes. La vue dégagée sur la crête des Alpes depuis le Bürkliplatz et le Quaibrücke aurait elle aussi été affectée par la guirlande disgracieuse du téléphérique.
Victoires successives
Afin d’éviter que ce projet farfelu ne devienne réalité, Helvetia Nostra avait déposé une opposition à l’encontre du plan cantonal d’affectation, le «Seilbahn Mythenquai – Zürichhorn (Züri-Bahn)». Première victoire: en 2019, le Tribunal zurichois des recours en matière de constructions avait admis l’opposition déposée par Helvetia Nostra et les parties opposées au projet. Mais la ZKB n’a pas voulu en rester là – et ce malgré le fait que le téléphérique ne pouvait de fait plus être construit pour le 150e anniversaire de la banque. La ZKB s’est alors pourvue devant le tribunal administratif zurichois…et a perdu.
Leçon pour tous
Battue à plate couture, la banque s’est résignée: peu de temps après sa défaite auprès du tribunal administratif, elle annonçait qu’elle renonçait à ce projet. Les équipes de la FFW et d’Helvetia Nostra peuvent être fières: le bassin du lac de Zurich ne sera pas défiguré! En outre, l’échec cuisant de la ZKB servira de leçon à tous les potentiels promoteurs qui projetteraient de souiller d’autres lacs suisses avec des projets farfelus. Mais ces victoires épatantes de la Fondation Franz Weber sont aussi une leçon pour les défenseurs de la nature: tôt ou tard, les actions paient. Il ne faut jamais renoncer! Et pour tous ceux qui rêvent de défigurer notre pays: «Il n’est jamais trop tard pour entendre raison».
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